LEGENDES : La légende du Puy-de-Gaudy

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chef_joseph
Vieux crouton
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LEGENDES : La légende du Puy-de-Gaudy

Message par chef_joseph »

La légende du Puy-de-Gaudy



En des temps très anciens s'élevait à la cime du Puy-de-Gaudy, un château, le plus vaste qu'on pût voir. Aussi, d'après la tradition appartenait-il "à un roi". Son royaume s'étendait bien plus loin encore que tout le pays qu'on découvre du haut de la montagne.





Ce roi n'aimait qu'une personne au monde : sa fille âgée de 16 ans, et toute bonne et belle.

La pensée que Berthe pouvait, en un temps proche, le quitter au bras d'un jeune seigneur, lui était si pénible qu'il privait la jeune fille de la société de tous ; et il avait même prescrit que nul homme ne parût devant elle le visage découvert



Cependant, une exception était faite un seul jour chaque année. "Le roi du Puy-de-Gaudy" recevait l'hommage de ses barons, et voulant rendre sa fille témoin de sa puissance, il admit qu'assise auprès de lui, elle les vit défiler sans que leurs traits fussent dissimulés.

Il en vint des jeunes et des vieux, des beaux et des laids ; Berthe les considérait tour à tour d'un regard amusé... jusqu'à l'instant où s'agenouilla le dernier au pied du trône, le plus humble de tous, Raoul, le plus petit seigneur de Las-Perras dont le château se dressait dans la vallée que domine le Puy-de-Gaudy.

A peine s'il atteignait vingt ans. Un seul coup d'oeil fut échangé et ce fut assez pour qu'en leur coeur les jeunes gens se promissent l'un à l'autre.

Mais à peine de retour à Las-Perras, Raoul se rendit compte que jamais au grand jamais le roi n'accepterait un prétendant de si petite fortune.

Et comme à cet âge, on passe facilement du haut de l'enchantement au fond du désespoir, il résolut de se précipiter du haut des tours de son château... Mais, bien entendu, avant de se jeter dans le vide, il leva les yeux pour contempler une dernière fois le lieu où se trouvait sa bien-aimée. Et bien entendu encore, Berthe lui apparut alors, lui faisant de grands signes en agitant son écharpe blanche. Du coup, le jeune Raoul ne songea plus à "se détruire" et s'anima même de si grand espoir que peu de jours après, il osa retourner au Puy-de-Gaudy et demander au roi la main de sa fille. Celui-ci, pour toute réponse, donna l'ordre de jeter l'audacieux dans les oubliettes lorsque, fort à propos, Berthe survint, armée d'un poignard : "Je me tuerai sous vos yeux, annonça-t-elle à son père, si vous ne m'accordez pas au seigneur de Las-Perras."

Alors, le roi, abandonnant la violence, employa la ruse. "Tu l'épouseras, ma fille, dit-il, le jour où la tour de Las-Perras sera aussi élevée que le sommet de mon donjon..."

Certes, le sommet de la montagne dominait de combien de pieds la plus haute tour de Las-Perras ! L'entreprise apparaissait impossible... Et pourtant, le roi voulut rendre toute tentative plus impraticable encore et, dès le lendemain, "trois mille ouvriers" étaient embauchés pour exhausser le donjon du Puy-de-Gaudy.

A Las-Perras, on ne besognait pas moins, mais les hommes du petit seigneur n'étaient point en si grand nombre et ils avaient beau y aller, comme on dit, à vie de corps, ils luttaient vainement et chaque jour la disproportion apparaissait plus considérable.

Chaque jour, pendant dix ans ! Et au bout de la dixième année, Raoul, qui n'avait point revu sa bien-aimée, fut mandé au Puy-de-Gaudy.

Le roi était à l'agonie. On aurait pu croire que la crainte du jugement de Dieu l'avait décidé à revenir sur ses ordres cruels. Hélas, il ne songeait qu'à les renforcer et pour en mieux assurer l'observance, il fit jurer aux amoureux sur les saints évangiles qu'ils ne se retrouveraient en présence l'un de l'autre avant que la condition exigée fut accomplie.

C'est ici que Berthe apparaît comme une femme de tête et d'esprit avisé. Elle imagina de suite une nouvelle manière de mettre au même niveau les murailles de Las-Perras et du château royal dont elle demeurait seule maîtresse.

Elle prit sur l'heure la direction du chantier et ordonna à l'armée de maçons qu'il occupait de démolir le travail de ces dix années et de faire rouler tout le matériau au pied de la montagne afin que l'équipe de Raoul le réemployât aussitôt.

Ainsi pouvait-elle espérer voir se rehausser rapidement les murailles de Las-Perras.

Mais hélas ! Les maçons du roi défunt avaient employé un mortier que n'attaquaient pour ainsi dire ni le pic, ni la pioche. Un sorcier l'avait composé et entre autres procédés magiques, le sable y était remplacé par une farine de fine fleur de froment.

Les hommes s'acharnèrent à la besogne, effritant, désagrégeant au prix d'efforts surhumains, et le but ne se rapprochait qu'insensiblement quoique les constructeurs de Las-Perras fissent de leur côté preuve de leur bon vouloir à l'atteindre. Ceux qui, au début de l'entreprise, n'étaient encore que des petits goujats faisaient figure de barbons et plus d'un compagnon avait passé le marteau et la truelle à son fils, le jour où les murailles des deux châteaux furent enfin de niveau.

il y avait vingt ans que le roi était mort.

Berthe allait se parer de sa robe de mariée lorsque soudain elle calcula son âge... Consternée, elle la fit remplacer par une robe de deuil.

Les fiancés se rejoignirent dans la chapelle de Las-Perras. Longuement, ils contemplèrent leurs visages vieillis ; longuement, ils pleurèrent ensemble, ayant compris que le rêve de leur jeunesse n'était plus, ne pouvait plus être, après tant d'années, qu'un cher, un merveilleux souvenir.

Mais un tel amour ne s'était pas dépensé en vain. Dépouillé de ce qu'il avait de périssable, quelque chose en subsistait dans les âmes. Berthe et Raoul résolurent de consacrer à Dieu le reste de leur existence, tout en demeurant sous le même toit.

Un prêtre bénit leur union, puis chacun revêtit l'habit religieux et ils s'adonnèrent à la prière, à la charité jusqu'au jour où, comme pour compenser la longue séparation de leur vie, la mort les prit ensemble.
" A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto ! "
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lucane
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Message par lucane »

waouh ! ben dis donc ! 8)
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Félinéa
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Message par Félinéa »

c'est triste je trouve !!!! :(
Les membres d'un forum sont comme les perles d'un collier, chacun des membres venant faire briller l'ensemble d'un éclat différent.
Leur assemblage en fait un bijou qui m'est précieux entre tous ....
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Marie
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Message par Marie »

Que c'est triste :cry: , dès le matin j'en suis toute émue moi
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