La vie moderne de Raymond Depardon

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lucane
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La vie moderne de Raymond Depardon

Message par lucane »

L'avis du "Monde"EXCELLENT

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Ce fils de paysans cultive si bien son jardin personnel, que celui de ses parents commence à lui manquer. C'est à la fin des années 1990 que lui vient une idée, un peu folle en termes de production, mais passionnante sur le plan du cinéma : filmer durant dix ans ces paysans de moyenne montagne dont tout porte à croire qu'ils vont disparaître sous l'effet des mutations économiques.



De ce projet naissent successivement



Profils paysans :

L'approche (2001),

Profils paysans : Le quotidien (2005),

Dernier volet :

Profils paysans :

La vie moderne, qui clôt, du moins provisoirement, ce qui se constitue à ce stade en trilogie. En parallèle, Raymond Depardon publie La Terre des paysans (éd. Seuil, 150 pages, 39 €), qui regroupe des photos qu'il a prises pendant cinquante ans sur ce monde qui lui tient à coeur, de sa ferme familiale jusqu'à la transcription des trois films.



Ce troisième volet documentaire remet sur le métier ce qui était en jeu dans les précédents. Soit une question, une méthode, une manière. La question est celle de la survie de ces exploitations, avec le vieillissement des propriétaires et le problème douloureux de leur succession. La méthode est celle d'une approche fondée sur la confiance et le respect, la recherche d'une juste distance, qui ne prétend pas à la fausse proximité, et ne tombe pas dans l'écueil de l'observation surplombante. La manière relève d'une infinie délicatesse, d'une impression de naturel et de simplicité, dont on sait bien qu'elles tiennent par le cinéma de Depardon.



Et il y a le plaisir. Le plaisir un rien feuilletonesque pour le public qui a vu les deux autres films et retrouvera des personnages plus qu'attachants, et pour les spectateurs qui y entreront par cette Vie moderne qui a assez de qualités pour se suffire à elle-même.



Entre l'Ariège, la Lozère, la Haute-Loire et la Haute-Saône, le film retourne à la rencontre de ceux qui lui insufflent leur vie : ses personnages. Il y a les deux frères, Marcel (88 ans) et Raymond (83 ans), rocailleux comme le Sud-Ouest, dont le neveu a enfin trouvé femme. Elle s'appelle Cécile, elle vient du Pas-de-Calais, et a des conceptions sur l'hygiène domestique qui ne sont pas celles des deux ancêtres du célibat. Les entendre sur le sujet autour de la toile cirée de la cuisine - du moins Raymond, parce que Marcel est du genre à se comprendre en maugréant - est un ravissement.



Plus loin, on prend le café chez Germaine (70 ans) et Marcel (80 ans). L'avenir est sombre, les enfants partis, il faudra vendre. En attendant, il est 6 heures du matin, et l'on partage le café avec eux, surtout avec l'incroyable intensité du regard de Germaine qui semble vouloir trouer l'écran, tandis qu'elle s'adresse à la preneuse de son et productrice du film, Claudine Nougaret.



C'est peu de dire, et tant pis pour le cliché, que chez ces gens de peu de mots, on n'est pas dans le semblant. Amandine, jeune femme qui s'est lancée dans le métier par passion, avoue qu'elle ne parvient plus à joindre les deux bouts avec son mari. Daniel avoue que sans les petits travaux qu'il fait à côté, la situation ne serait pas viable pour lui. Il est beau, Daniel, filmé en contre-plongée et en majesté sur son tracteur.



Mais il n'y a pas que ses magnifiques personnages qui rendent ce film si bouleversant. Il y a les travellings réguliers qui mènent à ces fermes isolées au bout de routes improbables, il y a la disposition affairée puis soudain désoeuvrée des corps dans l'espace.
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lucane
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Message par lucane »

Exposition Terre Natale Fondation Cartier Enracinement/déracinement : du 21 novembre 2008 au 15 mars 2009.



la Fondation Cartier pour l'art contemporain propose l'exposition "Terre natale. Ailleurs commence ici". Il s'agit en quelque sorte du dialogue entre un photographe et cinéaste, Raymond Depardon, et un philosophe et urbaniste, Paul Virilio.



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Retour à la Terre mère.



Tandis que le monde est à un moment critique de son histoire, où l’environnement conditionne ce que l’homme fait et ce qu’il va devenir, l’exposition Terre Natale, Ailleurs commence ici propose une réflexion sur le rapport au natal, à l’enracinement et au déracinement, ainsi qu’aux questions identitaires qui leurs sont attachées.



L’exposition est ainsi conçue comme une confrontation, un dialogue entre Raymond Depardon, cinéaste et photographe, dont l’attachement à la terre est bien connu, et Paul Virilio, urbaniste et philosophe, qui depuis longtemps travaille l’exode, la fin de l’espace géographique.





Raymond Depardon

Paul Virilio





Le premier, muni de sa caméra et accompagné par sa chef-opératrice du son, Claudine Nougaret, est allé dans le monde entier à la rencontre de populations immobiles qui expriment, à travers l'usage de leur langue maternelle, un attachement viscéral à leur terre. Le second, avec l'aide de cartes, de photographies et de films, s'interroge, en ce début de troisième millénaire, sur la fin de la sédentarité, rurale ou urbaine, mettant au jour ce qu'il appelle la "météopolitique".

Dans un entretien accordé au Monde 2, Raymond Depardon et Claudine Nougaret explicitent leur démarche. Une démarche qui se situe dans le prolongement direct de leurs précédents films, en particulier le plus beau d'entre eux, La Vie moderne, actuellement en salles.



On s'est dit qu'on allait partir du son et que l'image serait accessoire. Les gens se présentent face à la caméra. Ils parlent et c'est le son qui devient le plus important. Pour Donner la parole, on a en tout filmé vingt-sept personnes à travers le monde. On leur a demandé simplement de réfléchir à l'expression "terre natale" et, très vite, elles se sont mises à parler, dans leur langue, du lieu qu'elles défendent et qu'elles chérissent. Quand on nous a traduit ce qu'elles disaient, on s'est aperçu qu'elles nous parlaient de sujets à la fois extrêmement basiques et existentiels, la mort en particulier. Avec des mots simples, ces personnes nous proposent un éclairage extrêmement intéressant sur le monde d'aujourd'hui. C'est ainsi que dans les langues kawésqar (Chili), chipaya (Bolivie), mapuche (Chili), afar (désert du Danakil, Ethiopie), occitane, bretonne, guarani (Brésil), yanomami (Amazonie, Brésil), on rejoint le travail de Paul Virilio qui est présenté par ailleurs dans cette exposition.Dans La Vie moderne, quand Marcel Privat se couche dans la prairie, il ne faut surtout pas que ce soit un plan qui bouge. Au contraire, il faut que je sois là depuis longtemps, immobile. La caméra tourne, une minute, deux minutes, trois minutes… Et tout à coup Marcel dit : "C'est la fin !" Pour qu'on entende ce "C'est la fin !", il faut être positionné depuis déjà au moins une minute. C'est tout le principe de notre exposition : donner la parole. Dans "Terre natale" ou dans La Vie moderne, les personnes auxquelles nous donnons la parole se sont habituées à nous. Elles ne regardent plus la perche de Claudine. Elles parlent, tout simplement.

Claudine Nougaret :Cela fait maintenant vingt ans qu'on a mis en place un système qui permet aux gens d'être entièrement concentrés sur ce qu'ils vont dire dans le peu de temps dont ils disposent. Ils comprennent que nous tournons un film et que cela coûte cher. Durant ces dix années que nous avons passées à filmer des paysans, jamais nous ne leur avons dit qu'il ne fallait pas regarder la caméra. Jamais je n'ai ressenti de doutes de leur part. Jamais, non plus, ils n'ont cru que nous allions faire des cartes postales, ni même nous moquer d'eux.



"De ce tour du monde de Donner la parole, je retiens certains mots assez simples : " Je vieillis ici " ; " Mon nom est merveilleusement limpide " ; " Je prends la parole " ; " Vous les Blancs, vous devez nous écouter " ; " Notre petite Terre " ; " A cette époque, il y avait la forêt " ; " Les Blancs ont pris la terre " ; " Nous sommes des gens de la terre " ; " Je suis un laboureur " ; " J'ai décidé de mourir dans ce village " ; " Nous sommes habités par la colère " ; " C'est ma langue " ; " Cette langue n'existe nulle part ailleurs " ; " Cette langue nous est propre " ; " Il n'y a pas de travail dans nos villages " ; " Nous devons vivre et ne plus souffrir " ; " Autrefois nous habitions " ; " C'est moi ". Ce sont des mots très simples, universels. Au final, on a des gens qui vont mal. Et qui parlent beaucoup de la mort" .Raymond depardon



Ils font aussi de la politique, réclament des médicaments, parlent de la déforestation, des matières premières qui sont pillées sur leur sol. En Ethiopie, des femmes entonnent une chanson qui dit : " Notre patrie n'est pas une entité nouvelle que le premier venu peut revendiquer."



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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

:pfuit: Un peu ce que nous faisons ici à notre échelle , non ? :pfuit:
" A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto ! "
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Liliane
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Message par Liliane »

J'ai vu "la vie moderne" la semaine dernière au cours d'une soirée sur le monde rural.

Le film est parfait et très beau du point de vue de l'image. Mais sur le "plan agricole" (terme emprunté à un spectateur qui est berger) je n'ai pas aimé. C'est un avis partagé par un grand nombre des personnes présentes à cette soirée.

Mon avis : il y a chez depardon un parti pris de montrer un monde agricole en perdition. Je suis bien consciente qu'il y a beaucoup de problèmes exposés dans le film qui existent réellement, mais pour citer encore le berger " je suis sûr qu'il y a dans les mêmes régions aussi des initiatives ou expériences qui marchent". Ayant lu le parcours de Depardon, j'ai un peu l'impression qu'il traîne une grande culpabilité de n'avoir pas repris la ferme familiale et que du coup il cherche à se justifier à ses propres yeux.

D'autre part, je trouve que l'on sent tout le temps le malaise des personnes filmées, immobiles face à la caméra.

Le deuxième film projeté lors de cette soirée : "Les trois frères" de Gilles Perret était à l'opposé. Les images sont beaucoup moins soignées, mais on voit les protagonistes en train de travailler et leur discours est partagé entre la fierté d'une réussite professionnelle et le regret d'avoir raté leur vie personnelle.

"Trois frères exploitent une ferme dans un village haut-savoyard. En 1972, ils avaient pris de gros risques en investissant dans la construction d’une étable ultra-moderne de 82 vaches laitières. 30 ans plus tard, le résultat du pari est en demi-teinte. Ils sont tous les 3 célibataires et vivent ensemble dans la même

maison. A plus de 60 ans chacun, l’amertume est là quand ils se penchent sur leur passé. Le frère cadet le dit lui-même : « C’est un succès économique mais un échec sur le plan humain ».
Herbefolle
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Message par Herbefolle »

Un peu déçue par ce film que je viens de voir (je n'ai pas vu les deux précédents). Effectivement le malaise des gens filmés est perceptible, et c'est génant !

C'est par moment un peu creux.

Je m'attendais à plus de quotidien, moins de statique, et un peu plus de "paysage" aussi, dommage ....
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