Fini le mystère.....
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La Clandestine ou Lathraea clandestina, une fleur remarquable de nos campagnes...[4]
Les pieds dans l'eau, la clandestine sort de terre au mois de mars et y replonge au mois de juin. Comment se forment ces tapis de fleurs violettes ressemblant à des crocus ?
Au pieds des arbres tels que les peupliers, les saules, mais aussi les aulnes et pourquoi pas le chêne pédonculé, on trouve parfois un beau matin un étonnant
tapis de fleurs pourpres : la clandestine est arrivée.Ces fleurs, qui font en moyenne trois à quatre centimètres de long, forment une touffe ou un disque pouvant atteindre un diamètre de cinquante centimètres pour les plus grosses !
Habitat et origine...Si vous avez devant vous un exemplaire de cette plante, je parie que vous êtes juste au bord d'un cours d'eau, ou au moins dans une zone marécageuse, et que le printemps est déjà bien avancé.
La clandestine arrive toujours au même moment, et pour cause : sa croissance suit exactement celle de la sève des arbres, qui, justement, connaissent leur montée de sève au début du printemps !
Cette plante pousse donc au pied des arbres, tout contre les racines qui plongent dans la terre, et se plaît au bord des cours d'eau, dans la zone où les racines sont en contact fréquent avec l'eau. On la rencontre dans toute la France, avec une prédilection pour l'ouest, le massif central et le sud-ouest.
Écologie...
L'absence totale de couleur verte indique que cette plante est
une plante parasite, qui n'a pas besoin de chlorophylle. Cela veut dire qu'elle vit au dépends de l'arbre auprès duquel elle pousse. Elle plonge dans les racines de ce dernier des "sucoirs" proches de ceux du gui, qui vont constituer de petites canules, par lesquelles la sève va passer de la plante hôte au parasite et le nourrir, un peu comme une transfusion...
La clandestine n'a donc nul besoin de feuilles aériennes pour effectuer une photosynthèse, car son hôte la nourrit. Ses feuilles sont donc souterraines et écailleuses, et son réseau de racines suceuses est très développé et enserre étroitement les racines de l'arbre hôte. C'est un rhizome imposant dont le poids peut atteindre plusieurs kilogrammes.
Il faut noter que l'arbre hôte ne souffre aucunement de la présence de son parasite, ce qui distingue la lathrée clandestine d'autres parasites suceurs comme le gui, qui est un ravageur...
Croissance et fructification...La lathrée clandestine, comme presque toutes les plantes à fleurs, produit des fruits qui contiennent chacun quatre à cinq grosses graines. La pollinisation est possible grâce à l'action du vent, mais c'est le plus souvent à la suite de la visite d'une abeille que le pollen est disséminé de fleurs en fleurs...
Les graines, que la plante est capable de projeter à quelque distance, tombent alors dans l'eau et parcourent le courant jusqu'à échouer sur un site favorable. Elle peuvent aussi être disséminées grâce à l'action d'un oiseau ou même se retrouver au cœur d'une fourmilière, emmenées par une ouvrière. Dans tous les cas, si l'humidité le permet et si la racine d'un arbre hôte se trouve à proximité, une nouvelle clandestine va pouvoir pousser. Il faudra toutefois attendre dix ans avant quelle produise la moindre fleur !
Vie et mort...
La clandestine, lorsqu'elle a fructifié, n'a plus rien à faire à la surface de la terre. C'est pourquoi elle disparait jusqu'au printemps suivant. L'été venu, rien ne permet de dire avec certitude que des clandestines poussent au bord de tel ou tel ruisseau, à moins de savoir que ce gros renflement au pied d'un arbre cache en fait un de ses rhizomes. Mais encore faut-il l'avoir repéré au printemps !
Au chapitre de ses particularités,
la clandestine à la réputation d'être une plante carnivore... Mais les auteurs ne sont pas forcément d'accord sur ce sujet.
On l'a nommé successivement :
Clandestina pallidiflora,
Clandestina rectiflora,
puis Lathraea clandestina.