Mythes et croyances

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Marie
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Message par Marie »

Lièvre. Pour activer la dentition des enfants, on leur fait manger du lièvre, et pour fortifier les gencives et leur éviter les convulsions des dents, on frotte leurs gencives avec de la cervelle d'un lièvre male.



Lis. Quand le lis blanc fleurit, les vendanges se feront trois mois après, jour par jour, cette croyance s'étend dans le Charollais et jusqu'en Beaujolais.



Lits. Quand deux lits sont places dans la même chambre, ils doivent être disposés tous les deux dans le même sens, dans le cas contraire, ce serait un porte malheur perpétuel ; et quand des gens vont louer un logement, leur grande préoccupation est de voir, s'ils sont obligés de placer deux lits dans la même pièce, s'ils pourraient les mettre dans le même sens.



Livres DE MAGIE, LE GRAND, LE PETIT AlBERT, etc. De nos jours, il se vend encore mais un peu clandestinement, les rééditions des vieux traités de magie noire et autres, tels que : UEnchiridion; La poule noire; Les clavicules de Salo- mon; Le vieillard des Pyramides; Les secrets de la magie noire et blanche; Les secrets du grand et du petit Albert, etc.



Ces livres de format in-i6, sont recouverts d'une couverture de couleur, et contiennent un grand nombre de figures coloriées, abracadabrantes; ils ne portent ni dates, ni noms d'imprimeurs; le colporteur d'autrefois les possédait tous au fond de sa boite.



II est curieux de voir les gens de campagne demander au libraire obscur ou bouquiniste : Ave\-vous des livres de sorcelages f O voudro avouere tout ceusse que sont les pu forts !



Les sorciers se font un point d'honneur de posséder tous ces livres; c'est ce qui fait leur force, et usant de cette réputation, ils exercent un empire et une sorte de terreur chez les individus : que savons qu'à la le grand Albert ! Malheur alors à ceux qui ne sont pas bien avec le sorcier de leur endrouet ; aussi, pour gagner ses bonnes grâces, on le ménage, on va chez lui à la consulte, en lui donnant un quartier de jambon, des œufs, une paire de poulets, etc.



Locutions familières
. Bailler aux corneilles; bete coum un oyou; queu langue de vrepy; o la trouve chaussure a son pied; les deux font la paire ; I'un vaut ben Tautre ; a se valons ben.



Pre bou^re et manger on se force, et pre tra- vailler on est pas un chevau.



Ces locutions parfois triviales sont à l’infini, elles sont aussi un peu générales.



Loteries. Par notre temps, on voudrait faire fortune rapidement, et travailler le moins longtemps possible. La loterie flatte ce nouveau gout, on croit à la chance, et on appelle la fortune par tous les noms, on entend dire parfois : O s'ra malereux en menage ;o la trop de chance aux loteries. En effet, il est des personnes chanceuses aux petites comme aux grandes loteries.



A la fête du village sont installées plusieurs loteries aux rayons étincelants, charges de décors de toutes les couleurs. Pour y gagner, le devin prête son bracelet magique, à d'autres il leur fait fumer de la racine de mandragore, dans une pipe n'ayant jamais servi, et si la personne ne fume pas, on lui suspend un morceau de racine de mandragore au cou.



Pour être gagnant aux loteries, il suffit d'emprunter à un ami, le prix du billet, celui-ci, ne manquera pas de gagner un bon lot.



Les loups. Ce seul nom sert d'épouvantail aux enfants; pour les rendre sages, on les menace du loup.



Dent de loup. La dent de loup est encore en usage dans les campagnes ; percée et suspendue à un collier, elle devient un talisman contre la peur, la rage, les accès de colère et les convulsions. Cette tradition nous vient des Gaulois.

Nous possédons un collier de perles de l’époque gallo-romaine, trouvé sur l’emplacement de l'emporium de Talene, parmi lesquelles se trouvait une canine de loup.



Loups DE NEiGE. On désigne ainsi des amas de neige rassemblés et tassés par le vent, dans les ravins, les fosses; cette neige pressée, étant plus résistante, persistait, tandis que la neige qui couvrait les champs était fondue. Ce sont ces loups de neige, disent les gens de campagne, qui attendent surement la chute d'autre neige qui ne se fera pas attendre.



Loups-GAROus. Meneux de loups. II y en aurait long à dire sur ce sujet. Le m'neu d’loups est encore l'épouvantail des campagnes, le loup garou, son compagnon, a comme lui, laissé de grands souvenirs, effrayants même, Dans le sein des populations rurales. Notre province, autrefois couverte de grands bois et d'immenses forets dans lesquels se multipliaient les loups, était bien un pays où l’idée du loup-garou tenait une grande place parmi les habitants. On en voyait partout. Tous les méfaits leur étaient attribués, ainsi qu'à celui qui les commandait, le m'neu d' loups. Leur race n'est point éteinte, s'ils sont moins nombreux, il en existe encore, au fond des forets, parmi les bucherons, les sabotiers.



Le meneur de loups fait partie de la grande corporation des sorciers; les cornemusiers sont aussi meneurs de loups par tradition.



Les chroniqueurs du xv« siècle rappellent avec la féerie des génies bienfaisants, les gnomes, les farfadets, les démons, et les loups-garous; à cette époque commençait l’invasion du merveilleux.

Louis XI était bien né pour son siècle!



A Chantelle, au-dessous du cimetière, est l’affreuse rue des Satan c'est la que se tient le sabbat, conduit par les meneurs de loups de la région qui s'y donnent rendez-vous, avec les chats et les loups-garous.



Le cure de Gennetines prés Moulins invoquait saint Cartaud et saint Anibaut contre les loups (registres paroissiaux de cette commune au xvii« s.) « Je prie Dieu, la vierge Marie, sainct Cartaud, sainct Anibaud, sainct Luc et saincte Amicque de garder mes chevalines du loup, de la louve, durant le cours de cette année ».



Le meneur de loups est un familier de Satan et son procureur sur la terre, il sait attirer a lui les loups qui le suivent sans lui faire aucun mal, il leur parle, il tient conseil avec eux a la croix des quatre chemins ; il leur défend de ne jamais s'attaquer aux moutons des fermes qu’il leur désigne. Pendant les grands froids, il leur porte une miche de pain à dévorer, à son appel, ils sont vite au rendez-vous.



Pour jouir de tant de pouvoirs, le meneur de loups s'est donne au diable.



Très souvent, le loup-garou et le meneur de loups sont confondus et identifiés ensemble. Ces êtres bien distincts sont partout en Europe, aux Indes, dans l'Afrique.



Nous supposons que le secret des meneurs de loups consistait à se procurer la liqueur que la louve rejette abondamment lorsqu'elle est en rut, ou même de son urine ; nous ne savons rien des moyens qu'ils peuvent employer pour en obtenir, mais une fois en possession de quelques gouttes de cette liqueur très odoriférante, ils en frottent leurs jambes, leurs habits, ils peuvent traverser les grands bois, et se faire suivre docilement par les loups; et ce serait dans ces circonstances qu'ils trouveraient leur prestige, qu'ils transmettent en héritage à leur postérité.

C'est pourquoi de père en fils, les membres de la même famille sont meneurs de loups.



Ainsi se trouverait explique le mythe d'Orphée.





Nous lisons dans le Voyage pittoresque en Bourbonnais, page i3 : « Enfin, aux carrefours des bois se tiennent les assemblées des loups, les meneurs de loups y allument de grands feux, les hommes et les bêtes commencent le sabbat, cette sarabande se met à Hurler effroyablement, et si par hasard un crequien égaré passait par la, s'en est fait de lui, mais s'il était reconnu par l’un des meneurs de loups, il lui prêterait sa grâce et deux chiens pour le reconduire à son logis en lui recommandant de les récompenser à son arrivée. »



« Aejoura las menaos d'loups, ou eye'i tretou

des cormusiers, co monde touchiount los ins-

truments o pouyait do mas viager.... cormu-

siers on ert do sale monde, eye gormands, das

evrognes das arcandi^s finis , eye m'neu

d'loups (i).
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Marie
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Message par Marie »

La Lune. La génératrice des mois. Dans le monde entier, son prestige est peut-être plus grand que celui dont jouit le soleil.



L'historique des influences lunaires demanderait des volumes, et celui de la lune dans les superstitions serait important.



(i)Tixier, Souvenirs bourbonnais Gannat, in-8*.



Citons quelques croyances auxquelles la lune a donné lieu, et qui se sont conservées en Bourbonnais.



Les veaux qui naissent en lune tendre sortent très facilement du ventre de leur mère, et plus difficilement en lune dure.



Si on plante des arbres fruitiers sans lune, les fruits ne restent point aux arbres.



II faut planter les ails en vieille lune.



La vigne taillée en lune tendre donne plus de bois que de raisins.



Les graines potagères naissent rapidement si elles ont été semées en lune tendre.



Le trèfle sème en lune croissante météorisera facilement les animaux.



II ne faut pas récolter le chanvre en lune tendre.



Les préjuges sur l’influence que la lune exerce sur les bois sont à l'infini ; quoique peu variables, ce qui porte à croire que ceux qui en font l’exploitation ont du avoir l’expérience pour les accepter,



Les Américains abattent leurs bois en lune décroissante, la même croyance existe en Bourbonnais.



Notre compatriote, Antoine Mizault écrivait en 1581, «Secrets de la lune». La lune, dit-il, est l'épouse du soleil, dont elle doit son influence d'une façon très active sur tous les êtres, étant la poule argentine du coq dore ».

Ce livre serait tout entier a cité à cause de la singularité de sa conception, Mizault termine ainsi : « Vous êtes malheureux, parce que vous ne croyez pas en la lune ».





CE QU'ON VOIT DANS LA LUNE.




Un homme qui tire un rat par la queue.



Un homme que le bon Dieu a condamne' a rester dans la lune pour avoir travaillé le dimanche (Ferrieres-sur-Sichon).



C'est un ouvrier qui a coupe du bois le dimanche (Neuvy, Ygrande, Chamblet, Marcillat, Montvicq).



Un bucheron qui a coupe du bois le jour de Noel.



Un homme qui a travaille les jours de fêtes.



Un paysan qui a fait une haie avec de l’épine blanche, le jour de l'Ascension.



C'est un pauvre homme qui a été condamné pour toujours a porter un faix d'épines sur son dos.



La lune clote les haies (Avermes).



Regardez la lune, c'est un enfant sale qui n'a pas voulu se laisser debarbouiller (Dompierre, Vaumas).



C'est un planteu d'choux anve son fechou (Coulanges, Molinet).



Dans une vieille prière a Saint-Hubert que l’on dit à Ghantelle :



<i Le souleil et la lune ont predu yeu lumiere. »



Pour charmer les chancres de la bouche, la sorcière dit : Chancre, par le soleil et par la lune, sors d'ici



Quand un enfant va naitre dans la décroissance de la lune, ce sera un garçon.



Prés de la lune, loin de l'eau, se dit du cercle qui se voit par un certain temps autour de la lune; et par contre, loin de la lune, prés de l'eau.



Enfants, nous chantions autrefois ce vieux refrain :



La lune, belle et brune

C'est la Vierge qui nous appelle,

Pour aller dans sa chapelle

Y chauffer nos petiis pieds.



II y a dans la lune

Trois vieux lapins,

Que mangions des prunes

Tout comme des coquins.

La pipe a la bouche,

Le verre a la main,

En disant : Martin,

Verse-nous du vin.



La lune rousse est maudite, on lui attribue de n'être jamais bonne et toujours mauvaise, elle est la cause du gel des biens de la terre; si la lune rousse n'existait pas, nous serions débarrassés de tous ces maux, disent les campagnards.





Magie.

Pour devenir magicien, il faut des antécédents dans la corporation des surtriers, et surtout posséder les livres de magie, le grimoire, que seuls les gens du métier savent lire et comprendre. La crédulité publique supplée au défaut des connaissances, elle lui prête ce qu'il n'a point. Le magicien ne pratique guère que chez lui; on va prendre une consulte dans sa maison, comme on va chez l'avocat; devenu le consulteur de toutes les causes, il est recherché pour les procès, pour les mariages, pour les décès; il est plus redouté que redoutable, bien que l’on craigne qu'il exerce son pouvoir sur les destinées d'au- la connaissance qu'il possède de tous les livres, des figures, des caractères qui s'y trouvent imprimés; il plane bien au-dessus des sorciers, et dans l'esprit populaire il n'y a personne qui soit aussi savant que lui.



Nous possédons la procédure intentée par le Senechal du Presidial de Moulins en 1622, contre un sieur Michel, accuse de magie; il est extraordinaire d'y voir tout ce que ce magicien fut oblige de faire pour arriver à communiquer avec les esprits; revêtu d'ornements sacerdotaux que lui prêta un prêtre de sa paroisse, il tua une tourterelle, puis il entendit les offices, muni du Sceau de Salomon; il fit plusieurs communions, et après s'être couvert la tête de la peau d'un enfant mort-né, il put évoquer les esprits supérieurs. En voici la formule telle que nous l'avons transcrite dans le procès (i) : « Par la vertu de Dieu vivant, vray Dieu, lequel te fait simpiternel en justice et equite ; viens Raphael en belle forme et benevolence ; obe'ys a ton Createur et a moy, par son nom tr^s excellent, lequel je te montre, maintenant sur ma teste en levant ce sceau »



La lecture de cette procédure est une sorte d'initiation, on y trouve des formules des plus étonnantes, des évocations les plus varices, etc.

Michel a été condamne à être rompu vif en place de Greve, puis a être brulé.



Mai (les coureurs de).
Très ancienne coutume encore en usage dans une partie du canton de Dompierre.



Un groupe de jeunes gens parcourt les fermes pour annoncer que le 1er mai est proche, et aussi pour réclamer leur rente, c'est-a-dire des provisions, des œufs, et surtout du lard ; vielle et musette les précédent puis le 1er mai arrive, ils vont à chaque domaine, et devant la porte ouverte, ils chantent le mai :



« Du bon matin je nous sont levés,

Oh ! Madeleine, veci le mai ;

I vous salue nout maltresse ;

Aimez-moi, i vous aimerai

Tout le temps d'nout jeunesse.



La chanson varie suivant les localités, le thème est à peu près le même.



On plante encore le mai devant la porte de la maison ou une jeune fille doit prochainement se marier; il est forme d'un jeune sapin enrubanné ; mais si la jeune fille a eu quelques mésaventures, c'est un bouquet de genet qui a été hissé au-dessus de la porte, et qu'elle s'empresse de faire disparaitre avant l’aube.



Maisons (le rit des). L'usage est conserve de faire bénir les maisons neuves avant quelles ne soient habitées.



Beaucoup de gens de la ville redouteraient de se loger dans une maison portant le n°13.



On ne rentre pas dans une maison a loyer le vendredi, si l’époque du déménagement tombe ce jour, on y porte la veille quelques menus meubles.



Bien des locataires ne voudraient point habiter une chambre dans laquelle on y compterait treize soliveaux au plancher.



Quand un laboureur va visiter un domaine qu'il a l’intention d'affermer, s'il rencontre un corbeau sur sa route, il rebrousse son chemin et revient chez lui, cette rencontre étant un mauvais présage; mais, s'il voit une pie, il a hâte de conclure le marché et de signer son bail.



La première chose que la ménagère doit porter dans sa nouvelle demeure est la bouteille d'eau bénite, ou bien un charbon de la buche de Noel.





Quand le mâcon a terminé une construction, il plante une petite croix ornée de fleurs et de rubans, au faite de la cheminée. La croix est aujourd'hui remplacée par un bouquet, ou par une bouteille vide, parfois aussi par un petit drapeau. Ces signes extérieurs sont une invitation à donner le pourboire aux ouvriers qui ont construit la maison.



Au Pal, a Thiel, a Saint-Pourçain-sur-Besbre, existent encore des maisons sans cheminées ; le foyer est au centre de la grande pièce, et la fumée s'échappe par une large ouverture laissée au faite des toits. Ces maisons sont ordinairement édifiées avec de grands madriers, retenus chacun par des entailles aux angles de la maison ; cette rusticité primitive ne manque pas

de solidité, car ainsi édifiées, ces maisons ont déjà traverse cinq siècles au moins.



A Biozat, dans l'arrondissement de Gannat, la plupart des maisons sont formées d'un mur en pise, ayant un mètre environ de hauteur, au-dessus, sont des poteaux reliés par des traverses sur lesquelles sont cloués des liteaux qui servent à y maintenir des tresses de paille, qui sont enduites de terre glaise. C'est ainsi que les Gaulois façonnaient leurs maisons de clayonnage,



Maisons, châteaux hantés. De nos jours, il y a encore des demeures hantées, un bruit, des coups répétés se font entendre chaque nuit; et l’on dit que ce sont de pauvres âmes en peine qui réclament des prières. Ces âmes sont inoffensives; chaque nuit elles frappent trois, six ou douze coups, suivant l’intensité de leurs demandes.



Nous avons vu une maison à Moulins, rester sans locataires pendant plusieurs années, on la disait hantée.



Tout prés de Moulins, existe un château hanté depuis un grand nombre d'années; douze coups retentissent à minuit précis. Ce château a été fouillé partout, et rien d'anormal n'y a été découvert; c'est une tradition qui se continue, le château et les habitants tressaillent douze fois chaque nuit, et chacun s'y est habitue.



Maladie qui se DONNE A voLONTE. Les enfants déposent sur le chemin deux fétus de paille en croix; si un passant foule sur cette croix, il n'échappera pas à une forte diarrhée de vingt-quatre heures; Les enfants appellent cette coutume : « Donner la foiiirre ».
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Marie
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Message par Marie »

Manette, Manille. Nom donne a un bracelet de cuir, que les .athlètes, les cordonniers et parfois d'autres ouvriers se mettent aux poignets, pour y ressentir plus de force résistante, et éviter le déplacement des tendons ou des muscles, bien que ces bracelets ne puissent produire aucun résultat sous ce rapport.



II faut rechercher la persistance de ces bracelets dans une survivance des gouts de la parure connus des la plus haute antiquité, car les tribus de la période néolithique se paraient de bracelets faits en schiste \



La Mange. Dans tout le vaste bassin houiller de Commentry, les familles des mineurs se réunissent le 1er mai de chaque année, elles se dispersent dans les bois, dans les prés, chacun y apporte de quoi faire la mange; après le déjeuner, les danses commencent, les ébats joyeux se manifestent bruyamment, puis, on dine sur l’herbe, on chante et on danse encore longtemps, si bien que les filles ne veulent point rentrer au logis, voulant danser toujours.

Jusque vers 1845, ce jour était chômé pour la mange, depuis, cet usage a presque disparu.



Marchands forains. Ils ont remplace le petit colporteur, qui, marchait à pied, portant sa boite de marchandises sur le dos. Le forain, son successeur, ne va plus guère qu'en voiture, il déballe ses marchandises sur la place de la commune entre les foires et les marches des villes.

Son étalage fait, s'il n'a pas vendu a la première personne qui s'est présentée, c'est le présage d'une mauvaise journée «mieux vaudrait réemballer quand il arrive des coups comme celui-là ».



Le marché Jardinières. Quand les femmes de la campagne apportent des volailles au marche, elles mettent les têtes des poules en avant du panier, c'est un signe qu'elles sont à vendre, si elles les présentent dans le sens contraire, c'est qu'elles sont vendues, et non livrées.

Autrefois, les fermières, les jardinières arrivaient a la ville portant au bras ou roulant sur des brouettes leurs marchandises ; et chaussées de gros sabots; les lieues étaient plus longues et aussi plus pénibles a faire. Mais aujourd'hui toutes les femmes arrivent en voiture et chaussées de souliers, grelottant de froid, ayant abandonné leurs chaudes capes.



Le Marcou. De nos jours, le marcou est inconnu, mais autrefois, très honoré, son nom était propage dans toutes les provinces qui entouraient la sienne, sa tradition, cependant, s'est conservée en Beauce.

Le marcou était l’aine de sept frères, nés sans qu'aucune sœur ne se soit interposée entre eux. Son pouvoir était grand, car, par un simple attouchement il guérissait les écrouelles, les malades arrivaient en foule la nuit de la Saint-Jean, il opérait avant que le soleil ne soit levé, son pouvoir était limite à ce seul jour. Chaque malade lui laissait une offrande en nature; il ne devait accepter aucune rétribution en argent.



Le Mardi Gras. Il consistait à faire un amas considérable de neige auquel on donnait, tant bien que mal, une forme humaine.

Que de joie en ce jour! Nous avions congé, et s'il y avait de la neige, la nuit noire nous y prenait, cinquante gars du quartier, avec les filles, nous chantions autour du bonhomme blanc :



Mardi gras est mort!

Champignon la tue,

A coups de bouteille

L*y a casse son nez !



Mais s'il n'y avait pas de neige, ce qui arrivait souvent, chacun apportait de la paille, et nous construisions un bonhomme de paille, avec l’aide de branches de bois. Apres une exposition de quelques heures, le soir venu, on le brulait à la grande joie de tous. Nos parents assistaient a l’Autodafé qui nous réjouissait grandement. C'est que dans ce temps-la, nous savions nous amuser avec peu, nos jeux périodiques étaient traditionnels; on ne sait plus s'amuser de nos jours.

Le pauvre Mardi-gras s'en va comme toutes les autres traditions. — Dans les campagnes on avait l'habitude de tuer un cochon pour bien fêter le Mardi-gras et le jour des Brandons.



Si on se marie ce jour, les enfants seront rachitiques ou de mauvaise venue.



Pour obtenir du grand chanvre il faut danser ce jour.



Les femmes ne doivent point filer la journée du Mardi-gras.



Pour obtenir de beaux œufs et en abondance il faut, le Mardi-gras, donner à manger aux poules dans l’intérieur d'un cercle de tonneau pose par terre (usage très répandu).



Enfin, si on nettoie les écuries ce jour, on enlève avec le fumier les sept maladies qui affligent le Bestiau,



Mariages: Les préliminaires; La noce; Les Quenouilles; La Rotie; Le Rebondouet. II nous eut fallu tout un volume pour raconter un ancien manage de campagne et les conséquences d'une noce ; quand même, à la campagne, on y a encore conserve de vieilles coutumes et de bonnes habitudes, et nous ne pensons pas que de longtemps, les repas pantagruéliques des noces soient remplaces parle lunch, même assis. Le lunch des villes horripile nos braves

campagnards, ils s'en moquent hardiment; ces gens disent vrai dans leur gros bon sens.



Le paysan bourbonnais parlant peu, il délègue le Gourlaud pour faire les demandes ; le jour venu, il se présente avec un certain cérémonial aux parents de la fille; il est refus si une poulette était servie; si c’est un gros chapon biea roli, l’affaire est bonne, et après le repas, il fait les demandes en mariage tout cela en très peu de mots. Accepté le jeune aspirant part le dimanche suivant, se présenter chez les parents.



[Le Dimanche après, accompagné du Gourlaud, se font les accordailles, c’est un premier festin qui les marque, le jour des noces est fixé.



Gourlaud change son titre, il devient alors le Prieu d'noces, il est charge de faire les invites.

Les invités sont prévenus officieusement à l'avance, le Prieu bien endimanché se présenta chez ceux qu'il doit inviter. Après de grandes révérences, il fait sa commission, puis il veut se retirer, mais il est retenu, un copieux diner l'attend. C'est pour cela qu'il ne fait qu’une seule invite par jour.

Enfin tout est préparé pour les noces, et la veille, les jeunes garçons parmi les invités vont à la porte de la mariée, bien close el bien fermée ; ils chantent en chœur les couplets suivants, sur un air aussi triste qu'attendrissant :



« Ouvrez-nous donc la porte

Françoise ma mignonne,

D'biaux cadeaux à vous présenter,

Hélas ! ma mie laissez-nous entrer.



Mais la porte reste close, et ils reprennent alors :



In biau garden à vous présenter

Ma mie, hélas! Laissez-nous entrer.



De l’intérieur de la maison, les femmes et les filles leur répondent :



Moi, vous laisser entrer

I ne saurai le faire,

Men père esse en coulàre

Ma m^e oue en tristesse

Un' fille d'in si grand prix

N'ouv' pas sa porte a s'teur ichi !



Les garçons énumèrent les cadeaux qu'ils apportent :



In bague ben reluisante.

D's esclaux tous vizeles (i),



(i) Des sabots façonnes.

Do tabids tous neus,



Do ribans de toutes les coulaurs

De biaux mouchouères

Et ben d'aut' zartifailles...



La porte s'ouvre enfin, mais la promise couverte d'un grand drap se blottit dans un coin, il fait noir, les chandelles sont éteintes, il faut que son futur la trouve a tâtons; la recherche est longue parfois, enfin, elle se fait deviner, elle se trouve, des cris de joie se font entendre.



Le matin des noces, les livrées sont distribuées en échange d'une embrassade ; cette même livrée sera épinglée à la porte de l’armoire afin de bien pouvoir compter toutes les noces auxquelles on a assisté. Le cortège est formé, et on se met en marche pour aller à la maison commune vielle et musette en tête.

Apres la mairiée, on se dirige à l’église; le marié avant d'y arriver, brise une bouteille sur les marches ou après les murs de l’église. La mariée a souvent le plaisir de voir sur l’autel de la Sainte-Vierge une belle quenouille garnie de rubans ; elle y restera et sera conservée avec les autres qui s'y trouvent; c'est le plus bel éloge qu'on puisse faire de sa personne (Gennetines, Saint-Ennemond, Saint-Gerand-de-Vaux).





Arrivés devant la maison, la mère de la mariée a préparé du vin chaud, la mariée boit la première, tout le monde ensuite et toujours dans le même verre. Devant la porte est un balai, elle le prend et devant la noce qui l'admire, elle balaie la maison afin de prouver à son mari qu'elle sera bonne femme de ménage dans toutes les occasions, et chacun applaudit.



Avant de se mettre à table, tout le monde se biche, c'est le signal donne par le gouneau, avec la permission d'embrasser sa compagne autant qu'on le voudra.



Le repas est à peine terminé que la jeunesse se met à danser dans la grange transformée à cette occasion. Apres le grand diner, elle retourne danser tandis que les jeunes mariés ont disparu. Oh sont-ils? La maison, les dépendances sont fouillées partout, les mariés sont introuvables, mais un indiscret a dit qu'ils étaient dans une ferme, à une lieue de la ; avec la musette, la noce s'y rend, il faut faire le siège de la maison, on les découvre enfin, leur lit est renversé, et après s'être un peu habillés, on les force à prendre la rôtie, un vin chaud très pimenté qui leur est présenté dans un vase innommable. Ils boivent, et chacun après avoir puisé un peu de ce vin, embrasse la mariée ; on se retire enfin, et les danses reprennent jusqu'au jour, personne ne se couche et la noce va de la table à la danse ; cela pendant toute la semaine.



On a plante le chou au faite de la maison avant l'arrivée des mariés. C'est à ce moment que le garçon d'honneur tache d'enlever la jarretière gauche de l’épousée; elle est formée d'un joli ruban rose, qui, coupe en morceaux, est distribue à toutes les jeunes filles, à leur grand contentement, ce ruban est la précieuse indication d'un mariage prochain.



Le dernier jour de la noce, le maitre de la maison présente dans un grand plat, la bonde et le robinet du tonneau, c'est dire poliment aux invités qu'il n*y a plus de vin dans la cave et que la noce est finie. Le départ est si dur que tout le monde chante en chœur:



Nos chevaux sont à la porte,

Tous sellés tous brides,

Que le diable les emporte

Faut pas nous en aller !



La musette intervient, elle entonne l’air malheureusement trop connu de la fin d'un mariage. C'est la finale :





Allez-vous en gens de la noce,

Allez-vous en chacun cheu vous,

Si la mariee a le malade,

JUa guarirons ben sans vous.



La séparation est cruelle, on se biche jusqu'a en faire venir les larmes aux yeux.



Quand une noce commence la veille, on dit que c'est le soir de la chemise et le jour du départ s'appelle le ; Branle de la cuisine.



Pour donner une idée d'une noce de campagne, voici le menu de ce qui s'est consomme a la noce de la fille du domaine des Bontemps, a Lusigny, qui a eu lieu le 5 mars 1906. Sur nos invités, 91 convives y assistaient, la noce commencée le 4 mars au soir s'est terminée le 12.



II y a été consommé : un veau, un gros cochon, 45 poulets, 8 oies (huit oies), 7 dindes, 4 têtes de veaux, 5o pates, X livres de viande de boucherie, et tout cela sans compter les présents des invités qui ont apporté des pelottes de beurre, des œufs, des jambons, des poulets, des oies, des canards, des dindes. La cuisinière a travaille 12 jours, devant trois fourneaux, et un four pour les brioches, les tartes, les entremets de toutes sortes, etc.



C'est ce qu'on appelle une vraie noce de campagne; à comparer avec les lunchs des villes.



Mais tout cela n'est pas fini, chaque famille invitée, rendra la noce aux mariés et à ses parents, c'est une fête de famille qui dure un jour, parfois deux, cette fête prend le nom de Rebondouet.



II serait long d'énumérer les signes de mariage les coutumes, les usages, les proverbes qui se rapportent aux mariages. Nous les avons conserves cependant; un volume ne serait point de trop pour raconter ce qui se fait et ce qui se dit en cette grande circonstance de la vie.



Le marmot de César. Sous ce nom, on désigne un tas de pierres ramassées et mises en tas dans la cour des fermes, personne n'y touche, enlever l’une de ces pierres causerait la mort de celui qui l’aurait enlevée. Ce doit être une survivance d'origine antique. Marmot, nom sous lequel on désigne les petits enfants.

On dit aussi croquer le marmot, pour attendre une personne qui ne vient pas. Ces marmots de César, ne seraient-ils points l’indication des sépultures antiques sous le gal-gal, amas de pierres?
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Marie
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Message par Marie »

Matagot {herbedu). La nuit du premier mai, les sorciers de Chantelle et ceux de Saint-Pourçain partent en campagne pour y cueillir le matagot, qui est luisant cette nuit surtout, ce qui le rend facile à découvrir, tandis que dans le jour, il n'est visible que pour le pivert.

Quand cet oiseau en a découvert une touffe il pivote et tournoie avant de la ramasser, cette plante à la propriété de lui durcir le bec.

Les sorciers en font grand usage, et ils la préfèrent au gui de chêne, qui est devenu introuvable; ce qui ne les empêche pas d'être constamment en éveil pour le découvrir.



Les bouviers vont demander du matagot aux sorciers pour en frotter le cou des bœufs, afin de les rendre forts et vigoureux. Cette plante est aussi connue sous le nom d'herbe à lOr serpent, et de Sceau de Salomon, c'est le muguet bleu, l’endymion des bois.



Masques, mascarades. Le temps en est passe, les uns et les autres ne sont plus.



Ces joyeuses mascarades dans lesquelles les figures enfarinées ou charbonnés remplaçaient le masque parfois hideux, disparaissent de plus en plus; autrefois, vers 1850, les jours du mardi-gras, du dimanche des brandons et de la mi-carême étaient de vrais jours de fête pour les petits enfants, jeunes et vieux, garçons et filles, tous se divertissaient, les mascarades étaient organisées dans les moindres villes; on y voyait des jeunes gens, des enfants dans des accoutrements les plus divers ; des bandes de masques parcouraient les rues, à pied, en voiture, montés sur des ânes, et suivies par une foule de gamins, avides de ce plaisir attendu chaque année.



Aujourd'hui, les bals pares, masques et scandaleux, remplacent les innocentes mascarades qui amusaient tout le monde, même les gens chics, qui ouvraient leurs fenêtres, et jetaient aux masques des dragées, et des pièces de monnaie.



Les saturnales de l’antiquité ont vécu deux mille ans, leur agonie n'est-elle point lamentable?



Mégalithes. Plusieurs de ces antiques monuments du Bourbonnais, ont conservé le souvenir de pratiques superstitieuses.



A Bresnay, on apporte sur la pierre du Joug, les nouveau-nés, afin qu'ils jouissent d'une robuste sante.

Les amoureux s'y donnent des rendez-vous, et sur cette pierre, ils s'y font les plus doux serments.

La Pierre folle de Besson est légendaire.

Ces monuments sont nombreux dans la montagne bourbonnaise, et presque tous rappellent une tradition ou portent une légende (i).



Ménage. Se dit pour mobilier.



A zavons in biau menage.

Yeu menage est si erluisant,

Qu'a pouvons se mirer dedans.

O Tavions qu'un manage en se mariant.

Menage est synonime de butin,

A zavons pardu tout lou poure bulin.



Mercure. — Argent vif, Ce minéral joue un grand rôle dans la composition des maléfices, et dans les sorts jetés par les sorciers. C'est avec du vif argent qu'ils donnent les maladies au bétail d'une ferme, qu'ils enlèvent le lait des vaches, en plaçant quelques globules sous le seuil des portes des écuries et étables.

Pour prévenir les enfants du croup et des convulsions, on leur suspend au cou, un tube en verre, contenant du mercure, et cousu dans un sachet en laine rouge.

D’une personne turbulente, qui gesticule et ne s'arrête pas : elle a du vif argent dans les veines.



La Messe en triangle. Dans plusieurs paroisses du canton du Donjon, il est encore des gens qui vont demander à leurs cures une messe en triangle, c'est-a-dire une messe qui se dira le même jour, à la même heure, dans trois communes dont les églises formeront un triangle à peu près parfait. Ces messes sont très favorables pour détruire les sorts, et rendre sans effets les maléfices et les sorcelages.

II y a aussi les messes en queue de loup, qui se disent dans les mêmes conditions dans trois églises qui sont placées sur la carte en forme de queue de loup; ces messes sont efficaces contre toutes les maladies des animaux.

L'étrangeté de cette coutume n'aurait-elle point son explication dans le culte des astres, dans la disposition de certaines planètes ou constellations, telles que celles du Bouvier, du Serpent, du Taureau, du Triangle, de la Baleine, du Chien, du Lion, de la Vierge, du Carre de Pégase, etc. ?



Mesures anciennes. L'hectare est employé timidement chez le notaire par force de loi, c'est la grande et petite boisselée qui remplace l’hectare, l’are et le centiare ; l’arpent est encore en usage, de même que la perche.



Sur les routes, on compte bien les kilomètres, mais la campagne ne connait que les lieues, qui sont de quatre kilomètres environ. Une boune yen vaut 6 kilomètres.



On compte encore à la campagne par aulne, demi-aulne.



Le bois s'achète encore à la toise, au pied, son épaisseur se compte toujours au pouce et à la ligne. Les planches de sapin ou de pin d'Auvergne se vendent et s'achètent au cordeau qui vaut i2«n superficiels.

Le fer se vend au pouce et à la ligne.

La pointe dite de Paris se compte actuellement au pouce et à la ligne.



Le pied de Roi est aussi en usage. Les quincaillers sont encore dans l’obligation de fournir des mètres au pouce et à la ligne, ils les tiennent caches dans l’arrière-magasin.



Le Hue s'est répandu, le cabaretier ne vend plus au demi-septier ni a la chopine.



La chaux se vend encore au poinçon de 200 litres environ.



Le poingon de vin contient encore 218 litres

(Cote de la Loire), mais il est réduit à 200 litres dans la contrée vinicole de Saulcet.



Les fruits en gros se vendent à la henne.



En 1880, les boulangers vendaient encore la couronne de 12 livres, le pain de 6 livres, le demi-quart, valant à peu prés 450 grammes.



Aux foires, les marchés ne se font qu'à la pistole, valant 10 francs.



Le Hard, les six blancs, frappés de démonétisation ont disparu entièrement à partir de i850.

........................................................................................................................................................



METIERS ET INDUSTRIES DISPARUS. — CORPORATIONS, COMMUNAUTES.



L'origine des corporations remonte à une haute antiquité; le culte catholique les a unifiées, en protégeant tout à la fois l'ouvrier et le patron.



Les communautés étaient une sauvegarde contre les malfaçons et les ouvriers médiocres.

Si d'un coté l'ouvrier éprouvait certaines difficultés pour arriver à la maitriser, il ne s'exposait pas, comme tant d'autres, à se lancer dans des entreprises téméraires.



Les corporations et les communautés avaient leurs fêtes annuelles, leurs patrons et leurs Rois.



La Révolution a renverse ces institutions pacifiques, pour les remplacer par des syndicats, au grand profit des commis-voyageurs en graves.



Les menuisiers fêtaient la sainte Anne, leur patronne, le jour de la fête de cette sainte.



Les serruriers avaient pour patron saint Pierre
-es-liens.



Les charpentiers, saint Joseph.




Les barbiers, -coiffeurs, saint Louis.



Les boulangers, saint Honore.




Les cordonniers, saint Crepin.




Les maçons et tailleurs de pierre, l’Ascension.



Les forgerons et les mineurs, saint Eloi.



Les pompiers, sainte Barbe
.



Les avoués, les avocats, saint Yves.



Les musiciens, sainte Cecile.



Les jardiniers, saint Fiacre.



Les vignerons, saint Vincent.



Les potiers, saint Denis.



Les bouviers, saint Isidore
.
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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

Quel travail remarquable Marie !! et très instructif pour nous !!



Merci à toi et courage !! :wink: :wink:
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Marie
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Message par Marie »

Les patrons sont ordinairement appeles par les ouvriers : Bistots, ou Singes

les apprentis sont désignés par : Attrappe-Science gniafis, sagouins, sabourins, pot à colle (chez les menuisiers) ou coneu de Troncy,



Le tailleur est appelé : pique-prunes.



Le cordonnier, gniaff.



Le magon, coneu de game.



Un ouvrier qui cherche de l’ouvrage est appelé : PaySy tandis que s'il vient de l’Auvergne, c'est un Pied de loup.



Métiers, industries disparus.

Marchand de centaurée, à deux sous le paquet ; herboriste ambulant, il vendait aussi des ralieres.



Marchand de châtaignes chaudes, c’étaient ordinairement de pauvres femmes vêtues d'une cape, et qui se tenaient sur les places et à l’intersection des rues.



Les Cloutiers. Ils étaient plusieurs à Moulins, et fabriquaient les clous pour la construction des bateaux qui se construisaient à Moulins, au Veurdre. Leur forge ne s'éteignait point, cinq ou six ouvriers travaillaient autour, le soufflet était actionné par une roue creuse et légère, mise en mouvement par les pas cadences d'un pauvre chien condamne à se mouvoir perpétuellement dans cette roue.



Le marchand de coco
. A la fraiche qui veut boire. II est frais le coco, il est à la glace! De trois qu'ils étaient autrefois, ils ont été réduits à un seul, lequel, disparu, n'a point été remplacé, et pourtant il faisait ses affaires.



Chaude de croquignats. Le croquignat a vécu, de longues années même. C'était un composé de mélasse cuite avec des noix coupées en petits morceaux, aromatisé avec du rhum ou de l’eau de fleur d'oranger après l’ébullition, on le versait dans des petits carres de fort papier (souvent de vieilles cartes à jouer), dont les quatre bords sont relevés et pincés aux quatre angles. Ces croquignats que tous les épiciers vendaient aux enfants faisaient leur grand régal. Les bonbons des confiseurs les ont fait disparaitre pour toujours.



Le colporteur. Le colportage était autrefois une branche de commerce qui tenait bien son rang, elle est anéantie par les ambulants en voiture qui sillonnent les campagnes et déballent dans les bourgades.



La caisse du colporteur était à double fond, dans la première partie se trouvait la marchandise ordinaire, la mercerie en particulier, mais dans la caisse secrète, il y avait le sucre, le sel qui se vendaient clandestinement pour échapper aux droits, puis les Cartes transparentes dont la vente était prohibée, de la thériaque, panacée universelle, et enfin les livres que l’on ne trouvait point chez les libraires, l’amour conjugal, les livres de magie, etc.



Le fondeur de cuillers. II s’installait au grand air, dans les bourgs comme dans les villes, il étamait la batterie de cuisine du château, et fondait les vieilles cuillers d'étain, il a presque disparu.



Le fournier. C'était le propriétaire du four banal, celui-ci était chauffé chaque jour; le fournier passait tous les matins avec une voiture à deux étages, pour transporter les fournées que préparaient les ménagères, il s'annonçait au bruit d’un cliquet en fer dont chaque ménagère connaissait le son. Le soir, chacun allait reconnaitre son pain, cette reconnaissance donnait lieu parfois à des difficultés.

La chambre du four était très animée à ce moment, c’est là que les nouvelles de la ville s’apprenaient. Le dernier fournier de Moulins était Barbara, excellent sorcier, couru de partout pour la réduction des foulures et des entorses, à l’aide de passes et de prières, les unes et les autres étaient guéries radicalement en un jour.



Les lanciers de la rue chavau. Ils formaient la corporation des boueurs, ramassant les immondices de la ville, dans deux grands paniers suspendus aux flancs d'un âne endurci à ce métier et aux coups qu'il recevait. Ils étaient toute une légion ; ces âniers ont été supprimés par la municipalité en 1848.



Le dimanche, ils donnaient de temps à autre des carrousels, sur le cours de Bercy, armés de perches de bois, montes sur leurs ânes dociles, leurs représentations inoffensives et surtout comiques auraient du fléchir les arrêts municipaux. Ils ont vécu, tombés au champ d'honneur; tout Moulins les a regrettés.



La lanterne magique. L'année i853 fut la dernière ou le bon vieux qui montrait la lanterne magique, cessa de passer à Moulins, il était fort âgé, et n'a pas eu de successeur.



II s'installait à Moulins pendant toute la saison d'hiver, il allait de maison en maison montrer sa lanterne magique, la vraie, l’ancienne avec ses verres de couleur, renfermant les contes des fées, Geneviève de Brabant, Victor l'Enfant de la forêt, et autres; son répertoire était très varié; de sa verve il animait ses sujets, et c'était une grande récompense que les parents accordaient aux enfants, en leur faisant donner une séance de lanterne magique.



Les mariniers. Vire done de bord dret a la patouille, Jusqu'en i85o, la marine de Moulins formait une corporation très importante, avec ses fêtes, son roi, sa reine, élus chaque année dans la vieille église Saint-Nicolas, leur paroisse et leur patron.



Patouillards était aussi leur nom de guerre, ils étaient ordinairement fortunes, leurs bateaux leur appartenaient, ils avaient un langage à part, un vocabulaire à eux, particulier, c'était une langue de métier, qui ne tenait ni du patois, ni du français vicié.

Ils faisaient un commerce très étendu de bois, de vin, de charbon, de fruits, entre l'Auvergne et Nantes, qui était leur dernière étape.

La marine de Moulins méritait son histoire; elle doit sa mort à l’établissement des voies ferrées.



Le regrattier était une Industrie vivante de la marine, qui a sombrè avec elle.



Meignan. Cordonniers ambulants Carleux d’ soiiyers, disparus vers 1854.



Depuis de bien longues années, on les voyait passer dans tous les quartiers, criant :

Carr'leu d'souyers, rac c'modeurs d'chaussures;

Ils portaient un long bâton sur leurs épaules, auquel ils suspendaient les vieux souliers à réparer, ils portaient une barbe inculte et un large tablier de peau devant eux, travaillant en plein air, ils avaient une roulotte pour abriter leur femme et leurs enfants ; pauvres, mais honnêtes, les meignants étaient originaires de l’Auvergne, travaillant leurs terres pendant la saison, et raccommodant les chaussures durant l’hiver.



Marchands de merluche
. On voyait encore vers i850, une immense carriole couverte en toile, chargée de grosse poterie, de merluche, de queues de morue et de vieilles chaussures!

Celui qui la conduisait était un étranger, mais passant en Bourbonnais de Janvier à mars, très régulièrement ; de sa voix formidable il assemblait toutes les femmes des faubourgs en criant :

Dla rn'rue, il leur échangeait de la morue, de la merluche ou de la poterie, pour de vieux souliers quels qu'ils soient, mais ne recevait ni ne donnait d'argent.



Les mottes d'écorce. C’était une véritable Industrie que celle de façonner l'écorce des tanneries en mottes; tassée dans un cercle en fonte, cette écorce prenait la forme d'un disque épais, et mises sur des échelles, ces mottes séchaient au grand air et se vendaient au prix de 15 sous le cent. C'était l’unique chauffage des pauvres. Cette petite Industrie a cesse depuis que les machines à vapeur sont chauffées avec le tan sec ou humide.



Orpailleurs. On avait supposé, disait Reaumont en 1718, que le Nouveau-Monde produisait à lui seul l’or et l’argent, tandis que l’ancien continent suffisait autrefois à ses besoins.



Besançon, l’ancienne Chrysopolis, fournissait de l’or par l’exploitation des sables du Doubs; le Rhin, le Rhône, la Cère, le Garden, charriaient des paillettes d'or.



L'Ariège doit son nom à Aurigera, qui indique la richesse des gisements aurifères du Ferriet et du Benagues, affluents de la Garonne.

Mais jusque la, ce sont les sables qui sont exploites, tandis que dans le centre, c'est l’eau du grand fleuve de France la Loire, qui est exploitée directement.



Les orpailleurs de Roanne, de Digoin et de Diou (Allier), étaient une corporation très importante. A Diou, les orpailleurs tendaient des peaux de chien et de mouton sur de grands châssis qui flottaient entre deux eaux, d'autres employaient un tissu de crin, d'autres des couvertures de laine. Ces châssis étaient levés chaque soir, et les orpailleurs aidés de leurs femmes et de leurs enfants, enlevaient soigneusement les petites parcelles d'or que roulaient le fleuve et qui restaient suspendues à chaque crin, à chaque brin de poil ou de laine.



Ces peaux de mouton chargées de parcelles d'or font penser à la fameuse toison d'or.



La journée d'un orpailleur s'élevait en moyenne de 2 Fr.5o à 3 francs, ils étaient en outre pécheurs ; la grosse dépense était le renouvellement des peaux et des couvertures, car plus ces dernières étaient à l’état de neuf, plus la récolte était abondante. En 1842, il y avait encore deux ou trois familles d'orpailleurs à Diou et à Dompierre. Depuis, cette Industrie n'est plus qu'une légende.



Les potiers. Ils étaient nombreux à Moulins, ces continuateurs de part noble de terre comme le disait Palissy. De 1820 à 1855, on comptait cinq grandes poteries, les uns faisaient des figulines c'étaient les Germillon; Meunier fabriquait avec Boulot et Blaizot, la poterie vernissée, un autre produisait les terrines, les mortiers en grosse terre noire fumée. On y fabriquait aussi les poêles ronds et carrés, formés de panneaux ornés et enduits d'une couverte blanche d'email, c'était la spécialité des Meunier. Quatre de ces industriels, la plupart des artistes, avaient leurs officines rue des Potiers.



L'extension des grandes manufactures de porcelaines et de faïence, ont rendu impossible le métier de potier, lequel tomba tout à coup.



Le tisserand. Moulins comptait autrefois une grande quantité de caves dans lesquelles un ou deux métiers étaient établis, la dernière cave a été fermée en 1892 seulement, après le décès du dernier tisserand.



M. de Villards, noble vieillard, déchu de sa fortune, fabriquait lui-même le linge damassé, dont il composait les dessins, il mourut en 1872.



La campagne apportait son /?//«, ou chanvre préparé, destine à faire les draps, d'autres tisserands faisaient le droguet, qui se teignait en bleu à Moulins.



La mode a renversé et détruit l’industrie du tisserand, les grands ateliers mécaniques ne lui laissaient plus de place. Aucun paysan non plus ne voudrait s'habiller en droguet, les magasins de tissus, de lainages sont établis dans les moindres bourgades; on trouve chez soi les étoffes comme a la ville.



Les métiers à bas étaient nombreux également à Moulins; en i830, les Tallard, fabriquaient les bas de soie pour les mondains, les métiers des Lafaye produisaient les bas de laine et de coton.



Paillassons. Le comte Ramires de Alfonso, émigré espagnol, avait le monopole de la fabrication des paillas et paillassons; durant 50 ans, il en fournit à Moulins et les environs, son Industrie succomba avec lui.



Les paillassons nous amènent à parler des tresseuses de paille fine pour la confection de l'ancien chapeau des femmes des campagnes.

La Brunet, occupait beaucoup de femmes à les confectionner, et la l’abbaye excellait au montage de ces chapeaux dont nous avons parle au costume Bourbonnais.
Edité en dernier par chef_joseph le vendredi 02 avril 2010 13:54, édité 2 fois.
Raison : mise en gras pour lesture plus claire
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Message par sabrina »

merci Marie :top:
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Message par Marie »

Ce livre est très intéressant et vous en faire profiter est un vrai régal, car je le découvre en même temps que vous :wink:
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Message par Marie »

La mort. La chouette, l’orfraie, oiseaux de mauvais augure quand il font entendre leurs cris lugubres au-dessus des maisons.



Briser une glace est un signe de mort d'une personne de la maison.



Quand un malade est trépassé, on couvre les glaces avec une serviette, et on enlève le seau qui contient l’eau, dans la crainte que l’âme errante ne vienne s'y noyer.



II nous a été donné de voir de pauvres mères, arroser de leur lait le cadavre de leurs petits enfants, afin d'éviter que les enfants de l’avenir ne soient ni sourds, ni muets, ni aveugles.



Nous avons pu voir aussi, de très pauvres gens mettre une pièce de monnaie dans la main d'un trépassé afin de fléchir Caron, qui doit les passer dans sa barque, et leur donner une bonne place dans l’autre monde. Touchante et délicate attention de la part de ces pauvres !



Des mères placent dans le cercueil de leurs petits enfants, leurs jouets, une poupée. En Auvergne, les parents n'oublient pas d'y placer les sabots du mort, afin qu'il ne fasse pas son voyage pieds nus.



Quand un bruit se fait entendre dans la chambre d'une personne récemment décédée, c'est son âme qui demande des prières.



Si une personne fait bruler un cierge dans une église en souvenir d'un mort, la personne décédée aura grand besoin de prières, si le cierge brule rapidement avec une flamme agitée.



Des femmes faisaient autrefois le métier d'ensevelisseuses, mais leurs exigences firent qu'on ne voulut plus les employer, aussi, depuis plus de dix ans, elles ne font plus leur métier; le prix d'un ensevelissement et de la garde du mort, était de 20 francs pour les gens ordinaires, de 10 francs pour les pauvres, et de 50 à 100 francs pour les riches; de plus, tout ce qui se trouvait sur le lit au moment du décès leur appartenait d'office; aussi, elles veillaient à ce que le lit fut très chargé à ce moment, et si la famille ne voulait point faire ce sacrifice, il fallait leur allouer 10 francs de plus.



Dans beaucoup de communes, se trouve la pierre des morts, c'est une large dalle placée prés de l’église, et sur laquelle on dépose le cercueil, c'est là que se fait la levée du corps, quand le prêtre n'était pas allé faire cette cérémonie a la maison mortuaire souvent fort éloignée de l’église.



Quand un enterrement passe devant une Croix, les porteurs s'y arrêtent quelques instants ; il est de tradition d'y déposer une petite ??



Le fossoyeur ne doit creuser une fosse que le matin où doit se faire l’enterrement.



Longtemps, à l’hôpital de Moulins, les morts n'avaient point de cercueil, les cadavres étaient enveloppés dans une toile très grossière et placés dans un cercueil peint en noir, commun a tous les décédés. Au cimetière, le couvercle de la bière était enlevé, le cadavre roulait au fond de la fosse ; c’était un spectacle lamentable qui a dure jusqu'en 1851. Ce fut un acte de décence et d'humanité que l’administration des hospices fit, le jour où elle donna un cercueil aux pauvres morts de l’hospice.

II arrive chaque année dans la montagne Bourbonnaise qu'un ou plusieurs décès se produisent au moment des grandes neiges. L'enterrement ne pouvant se faire qu'après leur disparition, le cadavre est mis dans un cercueil que Ton hisse sur le toit de la maison, il arrive que, loin du bourg, on n'a pu faire un cercueil, le mort est alors enveloppe de paille retenue par quelques planches maintenues par des cordes. II faut dire que la neige couvre les chemins de plus d'un mètre, parfois deux mètres de hauteur.



Ecuelles DES MORTS. Cc sont des vases en terre vernissée avec deux oreilles ornées du monogramme du Christ. Ces écuelles furent employées en Bourbonnais du xvi« au xix* siècle. On y déposait l’eau bénite. Une personne suivant le convoi la portait au cimetière, et après les aspersions on la jetait dans la tombe (i).



(i) Elles se fabriquaient à Moulins nous en possédons un certain nombre.



On dit d'un mort : qu'il laboure la terre avec son dos. Qu'il mange les fraises par la racine.

Qu'il a passe la barque à Caron. II a casse sa pipe, son sabot, son écuelle.



O le partisi pre le vou'iAGE qii'on en revient pusse, O le partisi o bout du monde,



Dans les campagnes, le jour des trépassés est appelé le Service des morts\ on ne travaille pas, et on ne lie point les bœufs durant la messe des morts.



Chacun porte ce jour à l’église, autant de cierges qu’il compte de décès arrivés dans sa famille.



Les musards de Cressanges.
Copie d'après un manuscrit k M. Reynaud, ancien députe :



Pour ne point enfreindre les lois

De vostre bon seigneur des noix.

Vous irez dans le cimetière

Le dernier mardi de ce mois, (Mars).



Vous aultres, vilains de Cressanges,

Et Ik, les deux genoux en terre,

Au milieu de quatorze croix,

Farez d'abord ine priere,



Et puis, pourrez aller, venir.

Vous proumener, mais non sortir

Hors de la demeure derniere.

Ou dormirez a Tadvenir.



Jusqu'k la diurne lumi^rc.

Que le matin fera surgir.

Entre vous ne devez mot dire.

A moins que par un cas fort pressant,



Mais jamais ne chanter ni rire

Et si, par hazard un passant,

Ignorant le vouloir du Sire,

Venoit un b^ton a la main,



Pour vous demander son chemin,

Vous lui farez la moue, afin

Que ce voyant, il se retire.

Pour ne point vos voix deconfire;

Et direz a tous, mars est mars^

A Cressanges sont les Musards.

Si defaillez a I'ordonnance,

Vous donnerez sol, sept fois,

Et six deniers de redevance,

A vostre bon seigneur des noix.







Nombre Treize.
II est demeuré fatidique, on l‘évite le plus possible; et beaucoup redouteraient de commencer une affaire un 13. On se loge avec répugnance dans une maison qui porte ce numéro.



C'est pour éviter un mauvais mois, disent les gens de campagne, que le calendrier ne donne que douze mois.



A Moulins, comme ailleurs, les voitures de place sont numérotées, mais aucune ne porte le n°13.



Un vieil usage consistait à faire bénir le Treis[ain le jour de son mariage, le marie présentait une bourse contenant treize liards que le prêtre bénissait en même temps que l’anneau nuptial. Les gens aisés faisaient dorer ces pièces. Apres la mort du père et de la mère, le treizain appartenait de droit au fils ainé de la famille. Cet usage s'est encore conservé dans quelques paroisses du Berry.
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Message par Marie »

NOMS DE LIEUX DITS, BIZARRES ET SINGULIERS.



L'affiat; L*aye-d'en-bas; Arfoueton; Au-pain; Au vin.



Babillarde; Barbe-Sêche; Beau-Soleil; Beaux-Jeux ; Bel-oeil ; Bout-du-monde ; Brame-faim; Broche-du-Roy; Brosse-Tempete; Brtile-pot.



Cabochons ; Careme; Carcasse; Carimantran; Chat pendu ; Chene-menteur; le Cocii; Cuisseblanche ; Croque-menton.



Deux-Chaises; Damayot ; Druts.



Eauz-Salies : Ecossais; Ejayoux.



Fayards; Fayolles; Fees; Fol-blanc; Font-Sainte-Huile; Fortunes; Fontarabie; Font-bouillants, Font-Sarrazin.



Gate-pays; Genepicochon; Gayere; Gaye ; Gayot, Gayotte.



L'Hazart; Herculat; Hay-Gaillard ; L'Histoire; L'Husarde.



Infernal; Inventaire; Ichouni; Idoyne; Ipse.



Jappe-chien; Jappe-loup; Jalfrede; Jofanderie.



Les Lares; Lary; Lieutenance; Loye-de-Mars; Loup-pendu.



Ma-foy; Maltaverne; Mai garni; Mille-hommes; Monte-a-Loyer; Monte-a-regret; Motte- aux-Morts; Murs-du-Temple.



Neron; Neris; N'EtoJs; Nigauds.



Odenins; L'Opera.



Palanquin ; Palais-royal ; Parvula ; Pauvrete; le Phalanstére ; Pied-de-Mars ; Piree ; Pisse-Loup; Pont-Luny; Pre-dore.



Querelle; Queue-de-poele ; Qui-quen-grogne.



Republique, Rive-de-Pierre-folle; Roi-des-bois; Rien-n*y-manque; Sans-chagrin; Sans-raison; Saint Gourasude; Santeloup.



Tire-vinaigre; Tomberinos; Tribunal; Tue- loup; Tout-y-faut.



Vert-luisant; Ville-gelee; Ville-soule.
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Message par Marie »

Œil. Quand une personne a perdu un œil, il se dit communément que celui qui reste gagnera en force ce que l'autre a perdu.



Mauvais œil. Cette tradition a une haute antiquité. Les Assyriens, les Grecs, les Romains croyaient au mauvais œil. Connu partout, le mauvais œil est mal défini, c'est plus une croyance qu'un sujet, c'est un mythe, il existe, on le sent, c'est le mal subtil que Ton constate, mais qui échappe.





Œufs.
La fermière bien avisée, ne met jamais en nombre pair les œufs quelle veut faire couver, afin que tous puissent éclore. La poule qui veut couver, est appelée : Groueuse à ce moment,



Les œufs ramassés entre les deux Bonne-Dame sont des œufs à conserver.



Les œufs de Pâques se donnent encore en cadeau, comme roulée; ils sont ordinairement teints a la fuchsine.



On fait croire aux enfants que les œufs rouges de Pâques, sont pondus par les poules des cardinaux.



Quand une personne est atteinte d’ophtalmie on lui promène sur les yeux un œuf encore chaud, frais pondu (très populaire à Moulins et dans tout le Bourbonnais).



Ongles. Quand ils sont durs et résistants, ils annoncent une grande vieillesse; s'ils sont cassants, c'est l’indice d'une vie fragile.



Se couper les ongles un vendredi porte malheur.



Opale
. Cette pierre précieuse est considérée comme malfaisante, bien que ses vertus décrites dans la Geomance de Bondaroy, et dans le Blason des pierres précieuses ne correspondent point à l’idée fausse que l’on en a; c'est pourquoi on évite d’offrir un bijou à une fiancée, dans lequel serait serti une opale.



Os DE MORTS.
Les sorciers en portent constamment quelques fragments sur eux, soigneusement cousus dans la doublure de leur gilet. Ces ossements sont indispensables dans leurs opérations; réduits en poussière, ils entrent dans la composition des charmes et des philtres.



On leur attribue des vertus spéciales, mais par crainte plus que par respect, on n'oserait en avoir chez soi.





PaILLE, FOIN ET LUZERNE A VENDRE. Si Un fermier possède ces marchandises et qu'il désire les vendre, il en fait de petites bottes qu’il suspend a une longue perche plantée ou clouée après un arbre sur le bord du chemin qui conduit à sa ferme; il a également le soin de les suspendre aux ridelles de ses voitures qui viennent à la ville.



Le Pain. Qui ne sait convenablement couper le pain, ne sait pas le gagner.



Dans toutes les familles chrétiennes, on n'entame jamais un pain, sans y faire une croix simulée avec la pointe du couteau.



II ne faut jamais ni poser, ni présenter le pain à l’envers.



Quand on reçoit à la ville une personne de la campagne à diner, elle laisse toujours un morceau de pain pour indiquer qu’elle est bien repue.



Depuis i855, on ne voit plus de pain noir dans [es campagnes, il ne contenait que du seigle, et aussi du sarrasin, lourd et indigeste, mal travaillé, le pain de boulanger l'a remplacé, car dans les petites locateries, l'ouvrier qui les habite, n'est qu'un journalier, ayant très peu de terre, aussi il ne pouvait produire son pain.





Autrefois, les boulangers de Moulin fabriquaient de petits pains fantaisie à un sou, destinés surtout aux enfants des écoles, qui se trouvaient dans le quartier des Carmes. Ces pains consistaient en pains poivris de forme carrée, mais ayant les quatre angles entaillés sur toutes les faces; le pain bénit, de forme carrée, mince, rayé comme le précédent, mais sans saillie des angles; l'artichaut, pain de forme pyramidale ayant de petites saillies dentelées ; la cadenette, de forme allongée, arrondie aux deux extrémités et portant line tresse sur le dessus; enfin, la main, petit pain à un sou, figurant une main, les doigts serres, le pouce détaché, un gros bourrelet simulait le poignet. Ces divers pains ne se font plus depuis 1900.



Les pains de fantaisie qui se font à Montluçon portent les noms de fouaces, flamiches, et de semignaux, suivant leurs formes et leur poids.



La coche à marquer le pain est toujours en usage ; autrefois elle était formée d'une petite branche de coudrier fendue au milieu, mais aujourd'hui, c'est un morceau de peuplier divisé à l’aide d'une scie ; cet instrument usuel remonte à une très haute antiquité.



M. DE LA Palisse (chanson de).



Ce héros nous appartient. Ridiculise sottement par la chanson, le souvenir du maréchal persistera toujours ; la chanson semble l’avoir plus immortalisé que ses hauts faits d'armes.

C’est pour protester contre la bêtise humaine que nous lui consacrons ces lignes.



Né en 1470, il mourut en i525; il était seigneur de LaPalisse, de Montaigut, de Chavroches, de Chatel-Perron, de Chezelles, de Dampierre ; gouverneur du Roy en son pays et duche de Bourbonnais ; lieutenant-général de ses armées, Grand-Maitre de France.



C'est bien un peu à La Monnoye qu'il faut attribuer l’interprétation ridicule qu'il fit de la véritable chanson, laquelle était connue :

Monsieur de La Palisse est mort,

Mort devant Pavie,

Un quart d'heure avant sa mort,

II faisait encore envie.



La Monnoye a ainsi parodie la dernière strophe en disant :



Un quart d'heure avant sa mort, 11 ^tait encore en vie.



Apres la défaite de Pavie un refrain très populaire avait surgi :



« O la faulse canaille, ils ont le roy trompe,

Au point de la bataille, n'ont point voulu frapper ;

Le noble Roy de France, ils ont abandonn^,

Monsieur La Palisse, La Trimouille aussy,

Estoyent nobles gens d'armes, noblcmcnt ont frappe.







Paon
. On le dit très susceptible, fier, et aussi fort orgueilleux; il comprend, dit-on, ce qu'on dit de lui ; il se dresse en effet quand on lui dit qu'il est beau !



D'une personne orgueilleuse : O le fiare coum'in pan.



Il a la réputation de porter malheur ; conserver ses plumes dans sa maison, c'est vouloir la mort prochaine de l’un de ceux qui l'habitent.



Pieds. Pour ne point se blesser les chevilles des pieds en marchant, il suffit de faire un nœud de ficelle dite de montargis, nouée à la cheville, c'est un préservatif garanti par les siècles (i).



D'une personne stupide : O le bete c'oum ses pieds.



Diagnostic d’um sorcier de Neuilly ; quand i vero l'enflision do pieds, oue que co maladie s'en va pVe la.



Les Pions
. Au pied du Montoncelle, non loin du Ue-de-sol et du mont Lune, vit un clan, une tribu appelée les Pions. Leur village adossé à la montagne fait partie de la paroisse de Lavoine.



Cette tribu s'est propagée au travers des siècles, son langage s'est unifié avec le patois de la montagne ; ils se disent étrangers, et venir de plus loin d'ou le soleil se lève !



I.e D"" Noelas nous a conserve le nom de plusieurs anciens Pions et Pionnes : Si-Niablin ; Re-ghoulsi ; Farengo ; Gregah ; Thium ; ElTeco ; Guieffiarr; Pourr-Herr; Fosel; El-Manes ; Graners.



Leur culte : ils se sont appropries ce qui leur convenait de la religion catholique ; ils vont quelquefois à la messe, honorent leurs morts.



Ils font l’ascension du Montoncel, le 24 juin, pour y voir lever le soleil (Reste d'une tradition antique, la fête du solstice d'été).



Gomme les Gaulois, ils ne craignent que la chute du ciel, le Tounar de Guieiiy et aussi les gendarmes, lesquels étaient souvent obligés d'aller rechercher les réfractaires à l’impôt du sang; ils ne paient celui-ci, que depuis un très petit nombre d'années. Obligés de déclarer les naissances qui se produisaient dans leur clan, les garçons étaient d'ordinaire déclarés comme étant des filles.



Les Pions utilisent les nombreuses sources qui s'échappent des flancs de la montagne, pour y installer, de la manière la plus primitive, des petites scieries à l’aide desquelles ils débitent les sapins pour en fabriquer des voliges destinées à faire les caisses pour l’emballage des bouteilles des eaux du bassin de Vichy.



Un volume serait employé de tout ce que l’on connait des Pions, et a tout ce que Ton a dit d'eux (i).



Les Pions sont demeures attaches au sol, tandis que leurs voisins, les Charghr'ods (V. ce mot), sont errants et voyageurs ; ils ont du sang chamite dans leurs veines, dont ils sont probablement les descendants.



(i)F. Pdrot. Les Pions et Icur induslric.'Rcv.

Sc. du Bourb. 1888, avec pi. — Musée scolaire, 1891. — Les Sauvages du Montoncel. — Alliance des Arts et des Lettres. Paris, 1879. — les Pions.

Curiosity Univ. Paris, 1888. - J. Florus. Les Mégalithes du Bourbonnais.



Nadeau. Voyage en Bourb. i865. P. 2 5o.



Voir les Guides a Vichy, Joanne, Conty et aulres.



L'Ancien Bourbonnais. Voy. pittoresque. — In-fol.,i83r). Tome U,



Pipe magique.
Les sorciers portent ordinairement dans la poche gauche de leur veste, une pipe en terre blanche, qui n'a jamais été fumée; elle est munie d'un couvercle en laiton, afin que la racine pilée de mandragore qui y est contenue ne puisse s'échapper. Autour, est collée une étroite bande de papier portant ces mots : Abla, Got, Bato, Bleu,



Précieux talisman, cette pipe fait gagner aux tirs ceux qui la portent, le sorcier loue cette pipe en toutes occasions.



Ce qui peut paraitre surprenant, c'est que ce talisman perd tout pouvoir, si celui qui le porte tourne la tete pour regarder une jolie femme.
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Marie
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Message par Marie »

(i)F. Pdrot. Les Pions et Icur induslric.'Rcv. Sc. du Bourb. 1888, avec pi. — Musee scolairc, 1 89 1. — Les Sauvagcs du Montoncel. — Alliance des Arts et des Lettres. Paris, 1879. — les Pions. Curiosity Univ. Paris, 1888. - J. Florus. Les Megalithes du Bourbonnais.



Nadeau. Voyage en Bourb. i865. P. 2 5o.



Voir les Guides a Vichy, Joanne, Conty et autres.



L'Ancien Bourbonnais. Voy. Pittoresque. — In-fol., 1837). Tome U,





Plantes, arbres, etc. Quand un châtaigner promet beaucoup de fruits par les fleurs et que celles-ci tombent, il est un moyen de les faire tenir aux fruits, en enfonçant au milieu de l’arbre, un gros clou rouille (Yzeure, Montbougny, Gennetines, Chapeau, etc).



Les baies rouges des haies présagent un hiver rigoureux si elles sont abondantes.



Quand les femmes préparent des tisanes, il faut pour les rendre efficaces, que le nombre des feuilles ou des fleurs qu'elles mettent infuser soit toujours impair.



La trainasse mise dans les souliers arrête le flux de ventre.



II faudrait de longues pages pour indiquer seulement les vertus et les propriétés des plantes employées comme médicinales par les gens de campagne, et de celles recherchées par les sorciers.



Pluie. Quand elle tombe en fumant le matin, c'est le beau temps pour la journée.



Pont de Moulins. II est reste dans la tradition que le pont actuel, construit par Regemortes, a son radier qui repose sur des planches, recouvert de plusieurs couches de toile collées ensemble à l’aide de blancs d'œufs.



Les Porte-Malheur
. Ils sont nombreux ces trouble-fête : les chiens, les chats, les araignées les pies, les corbeaux vus d'une certaine manière sont les pires; puis les couteaux en croix, les instruments aratoires places en croix, le sel renverse, un fer de cheval rencontre, l’ouverture en arrière, et tant d'autres que l’on redoute.



Une femme qui perd son alliance; une ménagère qui s'oublie à balayer sa maison le soir; une noce qui rencontre un enterrement, voir un serpent le matin, sont autant de porte-malheur, et nous en passons bien d'autres !



Poules ET coqs. le jour de la Saint-Jean, avant le lever du soleil, les vignerons de Chantelle et des environs, répandent du soufre dans un espace trace avec un cercle de tonneau, sur les chemins qui conduisent à leurs vignes, afin d’empêcher les poules d’y aller manger les raisins.



Un coq qui chante entre le soleil couche et minuit, chante la mort de ceux auxquels il appartient



Une poule qui chante le coq annonce un malheur dans la maison.



La fermière place une clé rouillée, un gros caillou dans le nid des poules, afin que le tonnerre ne tranche pas la couvée;



La poule noire. Comme le chat noir, la poule de cette couleur est recherchée par les devins, les sorcières, les rebouteurs, dont les charmes, les invocations, les sorcelages ne peuvent produire leurs effets, que s'ils possèdent une poule et un chat noirs.



La Poule Noire est aussi le titre d'un livre qui contient tous les secrets pour faire fortune; c'est le vade-mecum d’un bon sorcier ; il est son livre d'apprentissage.



Pour se procurer de l’argent, prendre une poule noire, se rendre a la croix des quatre chemins, et crier au coup de minuit :



« Poule noire à vendre . . .-. »



Au troisième appel, un personnage tout habillé de rouge apparait ; il tâte la poule, l’emporte, car elle représente à ce moment l’âme du vendeur, et en échange, Satan lui remet une bourse de louis encore chauds, ils proviennent des trésors de l'enfer. Mais si le malheureux qui vient de vendre son âme, manifestait des regrets en voulant rompre son pacte, il verrait la terre s'entrouvrir sous ses pieds, puis tomber dans une grande salle pavée de charbons ardents, remplie de personnages de toutes conditions, assis sur des fauteuils aussi brillants que l’or, incrustés de rubis et de diamants.



Le gros paysan qui voulait avoir de l’argent et garder son âme, reconnait dans cette foule, le juge châtelain de Chantelle dont il avait eu à se plaindre : vous êtes bien heureux ici, lui dit le vigneron du clos St-Vincent, cela donnerait presque l’envie d'y rester :

Tiens, prends ma place lui dit le juge châtelain, le vigneron s'approche, touche de sa main le siège d'or; à l’ instant il pousse un cri de douleur, sa main était en feu, et son bras carbonisé (i).



Pratiques et croyances superstitieuses.
A l’angle nord-ouest de la tour du vieux château ducal de Moulins, se voit une longue tige de fer enfoncée dans les joints de la pierre, et destinée à maintenir autrefois une pièce de charpente du corps de logis. Le vulgaire veut que ce soit une flèche lancée de Souvigny, quand les ducs de Bourbon étaient en guerre.



Avec la même assurance, le peuple croit au souterrain qui va de ce château à l’église d'Yzeure ; et surtout au condamné à mort qui obtint sa grâce en exterminant le monstre autrefois appendu à la cathédrale de Moulins, et dont ce souterrain était le repaire, au fond duquel il entassait ses victimes.



A Neris, le jour de la Sainte-Agathe, les jeunes filles arrivent le matin dans cette ville tenant à la main une branche de coudrier, qu'elles vont faire toucher à la statue de cette sainte qui est dans l’église, afin que les troupeaux qu'elles garderont avec cette branche, soient préservés de toutes maladies pendant l’année.





(i) Abbe Boudant. Hist, de Chantelle. Moulins. In-fol., 1862, p. 197.



A Biozat, prés de Gannat, se trouvent en abondance de larges concrétions calcaires en forme de valves de coquilles, qui sont utilisées pour recueillir l’eau que les animaux vont y boire. Chaque cour de maison en possède une, et l’eau qui s'y maintient a beaucoup de vertus pour la santé des animaux.



Dans tout le canton du Mayet-de-Montagne,les gens ont conservé l’habitude d'aller faire bénir par leur cure, toutes leurs semences avant de les confier à la terre ; et comme ils redoutent fort les orages, ils font réciter chaque jour par le prêtre une oraison spéciale après l’angélus du matin, et pour l’en remercier, le sacristain passe une fois par an dans chaque maison, et accompagné du curé, et d'une petite voiture, dans laquelle il dépose l'offrande que chacun veut lui faire, telle que provisions, avoine, œufs, fromages secs, châtaignes, etc.



Au rocher des Fourches, et dans le voisinage du Montoncel, se voient douze grands bassins creusés de main d'homme. Le jour de la Saint-Roch, le 16 aout, les bouviers y amènent leur bétail, le curé de Ghateldon s'y rend pour bénir les uns et les autres, et pour recevoir cette bénédiction, les animaux sont amenés prés de ces douze bassins.



La même cérémonie se fait aussi à la Guillermie, au Roc-des-Chiers.



A Vichy, les bouviers amènent leurs animaux le 3 février, le jour de la Saint-Blaise, autour de l’église, ils y entendent la messe spécialement dite pour eux et pour que leur bétail soit préservé pendant l’année de tous maléfices, et des sorts ; ils font ensuite bénir du sel et du vin, puis le répandent à leur retour dans les étables.



Le jour de la Trinité, les habitants du versant de la Madeleine (cote de l'Auvergne), font l’ascension de la montagne, afin d'y voir lever les trois soleils à la fois, ce qui ne se produit que ce jour-la ; mais pour jouir de cette faveur, il faut être à jeun, et se trouver en parfait état de grâce.



A la loue des domestiques qui se tient à Gusset le 24 juin, les vignerons qui désirent se louer, entourent leur large chapeau d'une branche de vigne ; tandis que les garçons de ferme tiennent une branche de noyer a la main, les filles attachent un bouquet à leur corsage; et dès qu'elles sont louées, elles y ajoutent un nœud de rubans.



Quand un jeune garçon est sur le point de se marier, il va trouver le sacristain de sa paroisse, pour obtenir un petit morceau de cire prélevée sur le cierge pascal; le jour de ses noces, il l’applique sur l’épigastre afin d'empêcher que de méchants voisins lui nouent Vaigu'iWetle,



Le jour du mariage, le premier des deux cierges qui est éteint, annonce que celui des deux époux devant lequel le cierge a été place, précédera l'autre dans la tombe.



Si la mariée peut se lever la première au moment de l’évangile, elle restera maitresse en son logis (i).



Peser les petits enfants pour s'assurer de leur état de sante, est une pratique qui amène la mort.



Prières et invocations. Le Folklorisme porte sur la masse plus que sur les individualités. Ces études pénètrent la ou le narrateur historique s'arrête. On découvre dans cet ensemble un sentiment familial, auquel certains reprocheront la banalité, la trivialité peut-être, mais ce sentiment fait découvrir des détails singuliers du caractère humain, et sous un jour particulièrement nouveau.



(i) Beaulieu. Antiquités de Vichy.
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Marie
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Message par Marie »

Le Bourbonnais, au centre de provinces aux dépens desquelles il a été formé, emprunte quelque peu son individualité à celles de ces mêmes provinces ; s'il a conservé un peu de lui, il a beaucoup des autres, et c'est pourquoi, il tient du Morvandeau, du Bourguignon, du Forezien, de l’Auvergnat, du Limousin et du Berrichon.



C'est ce qui explique le rapprochement de nos usages, de nos coutumes, avec ceux des provinces qui nous avoisinent.



Le Bourbonnais a donné le jour à un astrologue fameux, Mizauld, qui a inondé le monde de ses éphémérides. Antoine de Laval a disserté beaucoup sur les divinations, le célèbre docteur Huthyer, doyen de la société de médecine de Moulins disait dans son discours sur l'anatomie du corps humain: j'exhorte les malades à préférer les remèdes spirituels, comme vœux, messes, prières, aumônes et autres actes de dévots que la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine approuve, à ceux des médecins en lesquels on ne doit avoir qu'une médiocre confiance, par rapport a celle qu'il faut donner à ces remèdes Chrétiens ».



Ambroise Pare avait dit : Je pause le blesse, Dieu le guérit.



L'Empirisme pourrait faire son jeu devant ces déclarations.



Nous ne pouvons qu'effleurer le sujet, les formules, les prières, les incantations formeraient un volume; nous passerons rapidement.



La Grande-prière des sorciers inscrite, sur les marges du registre paroissial de cette commune de i630 à 1680, nous est conservée par Maistre Ponthenier, bachelier de la Facultés de Valence, preire-cure de Nizerolle, chanoine de N.-D. de Gusset.



« Pro muliere parturiente : Anna peperit Mariam, Maria Salvatorum, Elisabeth Joannem, Maria Jacobi Jacobum Zelotem. Fac mulier ista pariet filium in nomine domini Jesu Ghristi. Per que in utero matris, si sis masculus vel puella, veni foras. Ghristus te vocat videro lucem, te desiderat, ne moreris. Veni foras in nomine Domini Jesu-Ghristi. Mulier cum parit tristitiam habet quia venit bora ejus, etquando peperit filium, non neminit pressurae propter gaudium quia natus est homo in mundo.

Jesus f Nazarenusf Rex f Judocorumf miserere nobis f Ego sum alpha f et omega f Principium f et finis. Amen ».



Pour charmer les brulures : A Rongeres est un spécialiste, du nora de Bert-la-Mission ; il est demande de tres loin pour charmer les brulures, il nous a donne sa formule très complaisamment, qu'il prononce après avoir lavé la partie brulée avec de l’eau :



Bon saint Simon,

Que descendez du haut des monts,

Apprêtez me d'stiau si pure,

Que guarit d'toutes les brulurcs ».



Dans notre province, on invoque les saints suivants, dont le nom a une certaine analogie avec les maladies en faveur desquelles on les invoque.



Saint Cloud pour les furoncles. — Saint Marcou pour le torticolis. — Saint Ouen pour la surdité. — Sainte-Luce pour les mauxd'yeux. — Saint Eustache pour les hémorragies. — Saint Servais pour la mort. — Saint Pancrace pour les maux d'estomac.



l.'Abbe Duvivier, curé de Gennetines au xvii siècle, a laisse sur les marges du registre paroissial de cette commune, un certain nombre de formules, de prières, qui sont encore celles que les sorciers emploient pour leurs malades.



Formule pour toutes les maladies : « Monsieur Mai, tu crois donc être plus que Notre Seigneur Jésus-Christ; mal, tu en auras menti, le Seigneur te brulera en autant de racines qu'il a d'amis ».



Autre formule, à réciter trois fois de suite :

« Mai et maladie je te conjure ; mal tu n'auras plus de force ni de pouvoir dans l’estomac, ni dans le cou, ni dans la bouche de.... Que les Juifs en ont eu souvenir de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à sa naissance et dans le jardin des Oliviers; mal tu sécheras, mal tu dépériras, mal tu fondras, tu avanceras de fondre aussi vite que la rosée ; avant de fondre par devant le soleil lève à la Grande Saint-Jean ».



Pour charmer le chancre et les ulcères : Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit; chancre, chancre, chancre, sors de cet endroit, sors du corps de ; chancre, perds la chaleur comme Judas perdit sa couleur quand il vendit Notre-Seigneur ; chancre, par la lune et le soleil, sors d'ici.



Pour la rage : faire avaler aux personnes ou animaux qui ont été mordus, un petit papier sur lequel on aura trace les mots suivants :



f SAGON f SAGANENSf SECRETOU SE DULCIT. Nous gageons que ce remède, infaillible doit être ignoré à l’institut Pasteur.



Les sorciers craignent d'invoquer les saints, car ils sont obligés de se charger des maux qu'ils vont enlever, et desquels ils souffriront autant que les malades qu'ils auront guéris en les invoquant.



Enfin, nous avons rassemblé toutes les prières et invocations pour le mal caduc, les hémorragies, le catharre, le croup, pour la vue, pour résister aux grandes marches, pour ne point être blessé dans un duel, pour détruire les effets des maléfices, des sorts, pour les voyages, pour chasser les mauvais esprits, pour éloigner le tonnerre, la mort; prières spéciales pour les animaux, pour la gale, pour les chiens enragés, les morsures de serpents, les entorses des chevaux, les arives, le bouquet chancreux, nous regrettons vivement de n'avoir pu les donner dans leur ensemble.





Rats, Le 17 mars est la fête des rats, il ne faut point faire de semis ce jour, car ils risqueraient d'être détruits par eux.



Rebouteux.
Assimilé au sorcier, quoique d'une classe inferieure. II opère par l’habileté de ses mains et par l’adresse de ses doigts, il remet les nerfs en place, les entorses, les foulures et les membres démis.



II n'est point initié à la kabbale; il est des rebouteux qui pourraient être les auxiliaires des chirurgiens.



Le Reinage
. Dans plusieurs communes des environs de Commentry, de Doyet, la coutume du reinage subsiste encore ; elle consiste à obtenir la royauté dans l’église paroissiale. Cet honneur se vend aux enchères après le prône de la messe du jour de l'Assomption : A qui la royauté : Dix francs, à moi pour vingt, quatre-vingts francs ici, et le reinage est adjugé.



La reine de l’année choisit ses suivantes, avec elles, elles jouiront de certaines prérogatives dans l’église, les jours de fête.

Cette coutume se retrouve encore dans la montagne; le reinage des Rois existe aussi pour les hommes.



Remèdes de commères.
II y en a cent, il y en a mille, ces remèdes sont loin d'être abandonnés, on ne va chercher le médecin ou le vétérinaire qu'après avoir usé d'un bon nombre de remèdes de commères; nous les avons recueillis, mais leur indication seule nous demanderait de longues pages.



Renard. Finassier comme un renard.



A Doyet, quand un chasseur a pris un renard, il le fait passer de porte en porte par un homme qui recueille des œufs, du beurre, du fromage et autres provisions, en échange du plaisir que chacun éprouve d'être débarrassé du dévaliseur des poulaillers.



Les Revenants. On y croit comme au jour de leur invention ; il y en a partout, dans les bois, dans les chemins, dans les maisons, on les voit, on les entend, ce sont des âmes errantes, d'autres qui demandent des prières.



Avermes, prés Moulins, a ses revenants dans la rue Pernotte, ils s'y assemblent toutes les nuits à minuit.



Ils se manifestent dans un château non loin de Lurcy-Levy, c’est l’âme de M. F... qui se heurte a minuit à tous les meubles des chambres.



Ronces, Epines.
Pour détruire les ronces et les épines, il faut les arracher le lendemain de la Bonne-Dame d'aout; elles ne repousseront jamais plus (Gannat et l’arrondissement).



Ronds DE sorciers. Ge sont des emplacements circulaires que l’on remarque avant la fauchaison dans certains prés, l’herbe est jaune, flétrie; il n'y a dans cette cause qu'un phénomène naturel du au développement de l’agaric champêtre, tandis que le paysan raconte que le premier mai de chaque année, les sorciers se donnent rendez-vous en cet endroit, qu'ils y dansent en rond, et s'y livrent à toutes sortes de pratiques.



Salamandre.
Cet inoffensif petit reptile est appelé vulgairement Ta, et comme autrefois, on lui prête de vivre dans les flammes.



II ne faut pas boire l’eau d'une fontaine dans laquelle on y aurait vu un Ta, on mourrait desséché' avant huit jours.



Voir un Ta, porte malheur.



[.A Sainte Epine. L'Eglise de Bourbon l’Archambault possède en outre d'un important fragment de la vraie croix, une épine provenant de la couronne de J. C. — Une tradition rapporte qu'autrefois cette Sainte-Epine fleurissait une fois par an (i).



Serpents. La Wivre. Le serpent n'est autre chose comme symbole et comme tradition, que la Wivre de la Sequanie, le nerah des Juifs, le totem égyptien, représente par Gneph tenant un serpent mordant l’œuf cosmique.



Dans tous les temps comme chez tous les peuples, le serpent symbolise la vie éternelle ; ce mythe se retrouve de l’orient à l’occident.



(i)Rohault de Fleury relaie cette tradition dans son ouvrage sur les Instruments de la Passion.



La Gaule en a fait Mélusine, et depuis, le serpent est devenu légendaire, c'est pourquoi, sous les tertres antiques, sous les vieux donjons écroulés, dans les anciens manoirs démantelés, on y trouve les serpents et la Wouiwre gardant des trésors considérables dans ces repaires. Vingt siècles ont pu passer sans détruire cette idée, c'est un culte rendu aux ophides.



La Wouiwre garde un trésor à Beaulon (Butte Romaine) à Contigny (Chateau-Vert, butte préromaine), à Ferrieres, au château du roc Saint-Vincent ; à Montphand (manoir féodal, sur des mines antiques), à Gilly, sur le bord de la Loire, en face de Diou.



Pour empêcher les serpents de pénétrer dans les caves et dans les maisons, il suffit d'y jeter des joncs, des branchages, le jour de la Fête-Dieu. (Doyet, le bassin houiller de Bezenet), tandis, que prés de la, à Neris, on y jette des glaïeuls.



L'Orvet passe pour être aveugle, c'est pourquoi il est désigné sous le nom de borgne; car il a prêté ses yeux aux serpents jusqu'à la tombée des feuilles de ronces.



Le peuple en a fait un serpent légendaire; il le croit très dangereux, capable, s'il voyait clair, de démonter le cavalier le mieux armé; il ajoute que l’orvet est le produit d'un œuf de coq.



La vipère a des pattes, mais pour les voir il faut la Jeter dans le feu. Cette même croyance se retrouve dans le bassin houiller du Creusot (i).



Quand une vipère est surprise, on dit qu'elle saisit l’extrémité de sa queue entre ses dents et qu'elle fait la roue en tournoyant sur elle-même afin d'atteindre plus rapidement celui qui la effrayée.



II est de croyance générale, que c’est à la fête de la Bonne-Dame (8 septembre), que les orvets, les couleuvres et les vipères rejoignent leurs gites pour hiverner, et que ceux qui n'ont pas pris cette précaution périront des les premiers froids. Ce rapprochement de la vie des serpents avec une fête de la Vierge, est un dernier reflet d'une survivance du culte Chrétien.



(i)C'est un fait naturel, les petits vipereaux non éclos pour éviter l’excès de chaleur, s'agitent dans le corps de leur mère, et leurs contorsions provoquent des saillies sous la peau.
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lucane
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Message par lucane »

Très intéressant et drôle ! :roll: :lol:
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Marie
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Message par Marie »

Sobriquets. Dans le tome VII, de l’histoire de l’Académie royale (i), se trouve une intéressante étude ayant pour titre : De l’autorité que les sobriquets ou surnoms burlesques peuvent avoir dans L’histoire.

L'auteur, dit en effet :

Rien n'est a négliger dans l'étude de l’histoire, les termes les plus bas, les plus grossiers, les plus injurieux, et qui semblent avoir été le partage d'une vile populace, ne sont pas pour cela indignes de l'attention des savants.



En effet, parmi ces termes, dans ces appréciations qualificatives, jaillit souvent l’esprit d'un peuple. Tout le monde sait que le peuple juge brutalement, mais avec vérité. Il en reste que l'histoire demeure souvent attaché à ces qualificatifs de personnes ou de lieux dits.

Les pauvres métairies de Brame-faim, celles de Tout-y-faut à Chantelle, à Liernolles, à Loriges, étaient de malheureux domaines privés de chemins, et étendus sur de bien ingrats terrains, mais aujourd'hui, par suite des améliorations survenues dans l’industrie agricole, deux de ces domaines, en changeant de face et d’aspect, n'ont point voulu rester sous leurs anciens noms, ils s'appellent actuellement : Rien n'y manque,



Les grands personnages n'ont point été à l’abri des critiques populaires. L'Empereur Barberousse comme le Pape Sergius IV, étaient appelés : Groin de cochon. Conrad de Pologne était désigné sous le nom de Pied de tortue; n'a-t-on pas assez chargé de ridicule Chabannes La Palice, l’un des héros de son temps?



II est vrai de dire aussi que la trivialité à beaucoup diminué l’intérêt que présentaient les sobriquets.



Le Bourbonnais, par sa position au centre de la France, adossé aux monts d'Auvergne et du Forez, resserre entre la Loire, l’Allier et le Cher, a conservé en partie ses qualificatifs typiques.



Aucune province n'a échappé à la malice populaire :



Bourguignon sal^,

L*«fpee au cot^,

La barbe au menton

Saute-Bourguignon.



Le Berry, l’Auvergne, la Bretagne, l’Orléanais n'ont-ils point reçu les coups de griffe de tous. Par charité, oublions ce qui se dit des Normands.



Leroux de Lincy disait :

Pitie de Lombard,

Labourt de Picard,

Humility de Normand,

Patience d'Allcmand,

Orghese de François

Loyaulc d'Anglois,

Devocion de Bergognon.



Ccs huit choses ne valant pas un bouchon.



Et du Bourbonnais que n*a-t-on point dit :

Nevers le riche.

Saint-Pierre le Pauvre.

Moulins l’orgueilleux.



Bourbonnichons habit de velours, Ventre de son.

Beaucoup de noms sont dus à la nationalité, à la conformation du corps, d'autres à des causes naturelles, anormales, au terrain, à la contrée, aux productions particulières du territoire.



Les Pays : L'Anglais ; Polonais; Le Suisse; Vallée ; Montagne; Foret; Dubois; Bois; Lavoine ; Pays, etc., sont assez communs en Bourbonnais.



Les qualités : Lebon; Lenoble; Esprit; Conscience, etc.



La nature : Bossu ; Le Bossu, Lelong, Grand ; Petit; Gras; Court; Lecourt; Lelarge; Bancal; Legroing ; Lebegue; Leblond; Roux; Leroux; Rousseau; Lemuet; Lesourd; Blanc; Leblanc, etc.



Position : Roy ; Leroy ; Reine ; Marquis ; Prince; Leprince; Due; Leduc; Comte; Baron; Prieur; Labbe; Chanoine; Vicaire; Riche; Bourgeois, etc.



Metiers : Chantre ; Chantemesse; Lepretre ; Lartilleur; Couvreur; Mercier; Letourneur; Tonnelier ; Tuilier; Fournier; Boulanger ; Carrier; Masson ; Huilier; Boitier, etc.



L'état militaire a laisse beaucoup de sobriquets devenus noms propres : Generaux; Cuirassier; Dragon; Lecolonnier (de canonnier); Tambour; L'Artilleur; Musicien; Capitaine; Major; puis les noms des campagnes faites par les soldats : L'Algerien; Mazagran ; Marengo.



On rencontre fréquemment ; Donadieu ; Chapelet ; L'Archevêque, etc.



Beaucoup de sobriquets ont été donnés aux enfants d'une même famille, portant les mêmes prénoms; dans notre voisinage, il y a cinq garçons, tous s'appellent Gilbert, de la, forcement des sobriquets sont donnés, empruntés à la nature, au caractère de l’enfant ; et c'est précisément ce surnom qui remplacera le prénom, ils sont d'ordinaire malveillants, accusent plus un défaut qu'une qualité; ces noms dérisoires disparaissent un peu. Nous avons connu des :

Martin-Sec; Martin-Hoppe: Mal-en-Pieds; Guillot-la-Chique; Quat' Gobilles; Jean-du-Riage; Jean-du-Coin; Foucaud-de-POrme; Foucaud du Petit-Ris; François-du-Creux ; Gilbert-de-la-Croix, etc.



D*une petite fille espiègle : Quelle Gazille.



Le quartier Chavaux, aujourd'hui rue de Decize, était essentiellement habitée par une population d'honnêtes jardiniers, dont le métier était rude, il fallait chaque jour aller au champ éloigné parfois d'une lieue de leur demeure, et par tous les temps, on les appelait des Peine-à-vivre; 9t des Sac-k-rots, ce terme méprisant est loin d’avoir disparu.



Nous donnons quelques sobriquets donnés à l’ensemble d'une population de Paroisse.



Agonges. Les fouetteux d'bonne viarge.

Aubigny. Mangeux d'sanciaux.

Bayaeux. <Ju'a fesant lapompe (i) sans beurre ni œuf.



Billy-en-Billezois. Les honnêtes femmes. . . . n'y portent que sept mois.



Ghantelle. Les culs tarroux (designe que les gens sont riches, ont des terres a eux).



Commentry. L'auberge de Trousse-Cotte.



Cressanges. Les Musards.



Moulins. Les cornards de Moulins, cette satire se voit sur une ancienne bouteille en faïence de Nevers, au musée départemental de Moulins (2).



La Ferte-Hauterine. Les Bedrins et les Baragots (voy. ces mots).



Huriel. Les toques d'Huriel, ce nom leur a été donné à cause du nom de Toque que porte le donjon de cette localité.



Coquatier, nom qui se donne aux maris qui s'occupent des affaires du ménage ;il a aussi des synonymes dans Brelaud, Jargeaud (voir Joubert, Glossaire du centre.



Soleils. Dans une prière à Saint-Hubert, contre la rage, on trouve ces mots : « Le soleil et la lune ont perdu leur clarté » cette évocation du soleil se retrouve dans une autre formule pour charmer le chancre :



« Chancre, chancre, par le soleil et par la lune, sors d'ici ».



« Quand le rameau est à la croix par le beau temps, c'est quarante jours de soleil luisant ».



« 11 n'est pas de samedis en France, ou le soleil n'y fasse sa révérence ».



Quand cet astre perce de ses rayons une nuée orageuse, et la divise, on dit alors que le soleil tire aux cordes.



II est à remarquer que le soleil pénètre beaucoup moins dans les traditions populaires que la lune.



Songes. Dans notre province, les songes sont peu interprétés, et l'esprit populaire est très sceptique à leur sujet, on n'y croit plus, et depuis longtemps.



Sorciers. Nous en avons déjà parlé beaucoup, c'est un sujet intarissable et des plus complexes.

II est un personnage trop important dans le Folklorisme pour ne pas avoir sa biographie ici.



Notre ami E. Gilbert a depuis longtemps esquisse leur silhouette ; il était bien placé dans son officine de pharmacien pour les apprécier, en contact avec eux presque chaque jour, il a pu scruter leur âme, les comprendre mieux que tout autre; ils étaient incompréhensibles, quand ils lui présentaient une ordonnance à préparer; et il a vu sur plusieurs d'elles: groucoume ine noix de surface d'équilibre!. . . c'était du sulfate de quinine-. . . .



Ils sont très nombreux encore dans le Bourbonnais, dans les villes comme dans les montagnes, il y en a partout, et en assez grand nombre, ce qui permet de choisir. Seulement, ils sont spécialisés chacun dans leur art, et il n'est pas rare de voir deux sorciers en consulte au chevet d'un malade.



Cet homme qui a des secrets avec Satan est ordinairement redouté ; il profite de cette haute situation pour se faire craindre ; c'est la raison majeure de son existence; et il s'impose alors comme un homme nécessaire,



II est devenu conséquemment très autoritaire, et fier de ses connaissances, il fait lui-même sa réputation dès que le hasard l’a fait réussir dans certains cas pour lesquels il avait opéré, aussi, un bon sorcier gagne de l’argent. Le bon sens n'est pas près de retrouver ses droits, et il aura encore longtemps à lutter contre les préjugés. Le sorcier n'est pas près de disparaitre, et trop intéressé à la conservation des idées naïves du populaire, il vivra longtemps de son petit métier. De plus, il survivra aux efforts du progrès et de l’instruction pour cette raison, qu'un sorcier ne doit mourir avant d'avoir livré tous ses secrets à un autre afin que rien ne soit perdu de ce que lui-même avait reçu le plus souvent de son père. Le sorcilage est un héritage qui doit se transmettre de père en fils; les anciens ajoutent que tout ce qu'ils savent leur vient de leurs vieux parents, auxquels Dieu lui-même avait communique tous les secrets qu'ils possédaient, et les avait initiés directement à la grande kabbale.



D'autres, disent qu'ils tiennent leurs pouvoirs des saints et des saintes, et ils s'avouent franchement incapables de ne rien pouvoir faire sans leur intercession et leur secours.



(i) Lecoy de la Marche. Anecdotes historiques d'Estienne de Bourbon, Society d*histoire de France. Paris 1877. in-S" p. 322.





Mais le peuple, malin, soutient que les sorciers ont pactisé avec le diable.



En 1227, une sorcière fut arrêtée a Saint-Pourçain en flagrant délit de maléfices; pour se justifier elle dénonça plusieurs personnes de qualité qui furent incarcérées dans les prisons épiscopales de Clermont. Hugues de la Tour était évêque de cette ville. Cette sorcière opérait dans une grotte en agitant l'eau d'un baquet ; alors apparaissait un chat noir, les torches de résine s'éteignaient, une véritable débauche s'en suivait entre les couples qui assistaient pour recevoir l’aspersion de l’eau du baquet.



Etienne de Bourbon, dominicain, alors inquisiteur de la foi, fut chargé de cette cause; il déclara que cette femme n’était qu'une vile sorcière, qui avait des rapports secrets avec Satan; elle fut condamnée au dernier des châtiments (i).



Chazaud, raconte l'histoire, arrivée en 1848, d'une sorcière de Gannat, condamnée; Pierre de Bourbon lui accorda rémission « mehu de pit tie » (i).



Le sorcier magicien est celui qui a lu beaucoup, il ne vit que de surnaturel et il se dit initié à la grande kabbale, il pratique avec les traditions des Arabes de l’Espagne. II conjure par les Esprits, et il se place bien au-dessus du sorcier, du rebouteux, du rhabilleur, vivant d'expédients et dans sa responsabilité il y a du mytho-hermétique.



II résulte une rivalité entre ces différents sorciers.



II n'est pas rare de rencontrer, à la ville comme à la campagne, des personnes qui n'ont aucune prétention à être sorciers, et qui possèdent des formules pour arrêter instantanément une hémorragie naturelle ou accidentelle, pour guérir les ophtalmies, arrêter le flux de sang; un attouchement et quelques oraisons récitées devant le malade suffisent. Ces personnes sont très flattées quand on a besoin de recourir à elles. Elles n'opèrent que pour se rendre utiles, et avec le plus grand désintéressement.



(i) Bulletin de la Société d'Emulations de l’Allier. Tome XIII.
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juilliette23
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Message par juilliette23 »

Merci pour toutes ces infos aussi croustillantes que savantes …
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On est de son enfance comme on est d'un pays. (A. de Saint Exupéry)
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Message par lucane »

Au fait Marie ! tu n'es pas un peu sorcière toi aussi ? :lol:
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Marie
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Message par Marie »

lucane :chut: , tu as lu ce qui leur était arrivé...

pas envie de finir de la même façon :nul:
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Marie
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Message par Marie »

Le cornemusier comme le meneur de loups sont sorciers d'office et d'origine.



Enfin les Gaulois avaient leurs Druides, les Romains possédaient les Augures et les Aruspices, et nous Français, nous avons leurs descendants, les sorciers.



Bâton de sorcier. La sorcière ne sort jamais sans son baston, il est ordinairement en néflier, bois très lourd et résistant, le plus gros bout est en bas, et l’extrémité la plus mince est percée d'un trou dans lequel est passé un lien de cuir noué par sept nœuds, nombre fatidique; ce cordon est passé dans le bras gauche afin que le sorcier puisse agir plus librement de sa main droite ; il ne doit jamais le quitter; il est comme son auxiliaire.



II faut bien se garder de toucher à un bâton de sorcier.



II est facile de reconnaitre dans ce bâton consacré, la survivance du bâton des augures, lequel, avec un sorcier du xx* siècle, ne pourraient se regarder sans rire.



Assistons un moment à l'initiation d'un sorcier, le fils du père V . . . de N . . .



Préparé par son père, il lui faut à 25 ans, pénétrer sous les arcanes du métier.

A minuit, un vendredi, il est seul au rond-point des quatre chemins du bois; il s'étend à terre sur le dos, le corps tout couvert d'étoupe teinte en rouge appelée Bourrat; il tient dans sa main gauche un énorme crapaud, puis il crie par trois fois : Diaul! Mot gallois-breton qui signifie : Diable. Apres plusieurs invocations, le diable apparait, et c'est alors que se conclut le pacte infernal, l'échange de l’âme du postulant, contre la connaissance et les pouvoirs surnaturels que doit avoir un sorcier.



Les sorts. Ils sont nombreux, il y en a autant pour les gens que pour le bétail, nous avons vu déjà comment se jettent les sorts; voyons ce qui va se passer pour en enlever un et, cela tout récemment, aux portes de Moulins.



Le sorcier déclare que plus on sera généreux, plus il enlèvera le sort rapidement. Appelé au domaine de... à Yzeure, il examine l’étable dans laquelle sont les animaux ensorcelés ; il place sous le seuil une petite fiole d'argent vive, déjeune très bien, il reviendra dans huit jours pour faire la levée du sort.



Le jour arrive, il déjeune copieusement, déterrant la petite fiole, il la regarde anxieusement, et se fait apporter un réchaud rempli de charbons allumés, il y verse le reste dd la bouteille de vin blanc, qui lui avait été servie à déjeuner (le vin rouge étant interdit), et le fait bouillir en y jetant de la cannelle, de la coriandre, quelques clous de girofle, de la muscade, une pincée de thériaque et enfin de l’éther sulfurique. Après dix minutes il jette quelques globules de mercure dans la casserole en ébullition, et à ce moment, le liquide s'enflamme au contact du feu, en produisant une flamme bleuâtre; regardez bien, dit-il, via le sort que s'en va ! O Vave^ ti ben vu ! Oui, oui, s'écrie ensemble toute la maisonnée, rassemblée autour du réchaud; alors il s'écrie radieux : Oue fini, seye ben tranquilles tousses, le sort a devalle I



Cout de l’opération, un louis et deux bons déjeuners, la femme y ajoute une paire de poulets.



Ce sont surtout le 1er mai et le 24 juin qui sont les jours préférés pour bien faire réussir le sort que l’on veut jeter.



Avec de la bonne corde de pendu, on peut jeter un sort, c’est le rebouteur ordinairement qui tient cet article.



On emploie aussi l'herbe du Saint-Sacrement Drosera rotundifolia), cueillie dans la nuit du 23 au 24 juin, au coup de minuit. La brenote (barbares stricta), est également employée ainsi que la sauge, l’hysope, le thym, l’imule, la grande berce, la menthe, la valériane, le trèfle à quatre feuilles, cueillis le 1er mai.



La plupart des sorts se conjurent avec un petas, qui est un sachet en étoffe rouge, que préparent les sorciers. Ce petas contient du sel, sur lequel plusieurs oraisons ont été dites, ainsi que des formules magiques, puis, il est attaché entre les cornes et sur le front des bœufs, avec une corde ayant servi à lier des sacs de farine.



Pour rendre malades tous les animaux d'un domaine, celui qui leur en veut pénètre nuitamment dans la principale étable en y déposant un petit pot de grés, contenant un mélange de sel gemme, de crapauds pilés, du datura stramonium, du vieux oint, et si le méchant n'a pu le porter à l’écurie, il le jette dans l’abreuvoir des animaux (Beaulon et campagnes de la rive gauche de la Loire).



Enfin pour se préserver des sorts pendant toute l’année, il suffit, le premier avril, à la nuit tombante, de tirer trois coups de fusil dans la cour de la ferme, et de faire tourner bruyamment la roue d'un char, afin que ce bruit inaccoutumé fasse avorter les maléfices ou les sorts qui auraient pu être jetés sur le domaine.



L'Ensorcelée de Neuvv. Une pauvre femme de cette commune, qui vient de passer de vie à trépas, se croyait ensorcelée par son voisin auquel elle avait refusé de se vendre en voyage (viager). Chaque nuit, elle entendait du raffut (bruit continuel) dans son grenier; les pierres du jardin de ce voisin se trouvaient chaque matin dans le sien ; puis elle ressentait des crampes d'estomac, parfois des crises nerveuses lui faisaient pousser des cris aigus, et cela pendant des heures entières (i).



Elle fit demander son curé, et le pria de la désensorceler, mais il lui répondit qu'il n'y pouvait absolument rien, cependant elle y mit une très grande insistance en lui disant que c'était de la mauvaise volonté, et qu'elle savait fort bien qu'il était assez puissant pour la délivrer du sort que son voisin lui avait jeté.



Lassée de son médecin, elle demande La Margot, un journalier de la commune de T …et sorcier par dessus tout.



(i) Nous avons eu l’occasion d'assister plusieurs fois à ces crises.





Celui-ci arrive, examine bien l'ensorcelée, et il déclare de bonne foi que le sort était trop fort pour qu'il puisse l’enlever, que son pouvoir était au-dessous de la force de ce sort; nouvelles insistances de l’ensorcelée auprès du sorcier, nouveau refus.



La Margot a essayé, mais en vain, de réciter quelques formules et d'adresser des évocations!!! Mais après trois jours, ses prières étaient demeurées sans effet. Cependant, avant de quitter la malade, La Margot lui indiqua un sorcier prés de Decize ; celui-là, dit-il, est au-dessus de moi, il sera assez fort pour enlever le sort d'un seul coup. Le sorcier Morvandeau arrive à son tour, accompagné de La Margot.

Tous les deux regardent fixement l’ensorcelée, et trouvent son état des plus graves. Une consulte eut lieu ensuite au secret, et mis de nouveau devant la malade, tous les deux déclarent que de leur vie, ils n'avaient vu de sort donné aussi fortement que celui-là; cependant, ils vont commencer un traitement énergique.



Deux jours après, la malade succombait aux cris mille fois répétés de : Ote^-me done mon s sort.





Sous Percés. Ils sont ordinairement très recherches, ceux surtout que l’on trouve dans cet état, leurs vertus sont plus efficaces que ceux que l’on percerait soi-même.



Les soldats qui reviennent des colonies, rapportent toujours de la monnaie de ces pays lointains, et qu'ils ont percée sur place.



Le sou perce est un talisman et aussi un porte-bonheur.



Beaucoup de pièces antiques, grecques et romaines nous sont parvenues percées à l’époque de leur émission. Nous possédons un didrachme de Philippe de Macédoine portant un anneau plat, en argent soudé à cette pièce, à l'époque ou elle était en circulation.



Superstitions. Nous en avons déjà reproduit un certain nombre dans le cours de cet ouvrage. C'est surtout dans la partie montagneuse qu’elles se sont perpétuées; les montagnards croient à la puissance surnaturelle; suivant eux, leur cure est possesseur de cette puissance, qu'il tient directement de Dieu; de plus, ils le considèrent comme étant une partie de la Divinité, donc ses pouvoirs sont illimités. Il peut faire la pluie comme le beau temps, il commande aux éléments, il empêche les orages de se produire sur leurs paroisses ; ils jugent de la qualité de leur curé par le temps qu'il fait.



A Ghantelle, on fait encore entrer à reculons dans l’étable une bête qui vient d'être achetée, afin qu'elle soit préservée des maladies contagieuses.



Le mauvais œil d'un voisin suffit pour enlever le lait des vaches d'un domaine.



Le bon œil (Jovin, Jucundus), est de bonne étrenne.



Pesep la volaille en fait manquer la vente.



Dire le nombre de ses ruches leur porterait malheur.



Si dans une réunion, il se trouve un nombre impair, le dernier qui arrive peut devenir idiot.



Survivances. Nous avons énuméré un grand nombre de coutumes païennes qui se sont conservées, soit dans la pratique, soit dans l’esprit populaire, dans un travail public dans le Politicon, Années 1901-1902 « Les traditions et les survivances de la Gaule centrale » (i).



Le soleil radieux, la roue se retrouve dans la grande rosace qui éclaire les pignons de nos cathédrales.



(i) Lyon. Jevain. In-40 dc 25 p., tire k 3o ex., fig.

Nous l'avons retrouvé dans la roue que porte sur son épaule Hercule Og-mi, statuette façonnée dans les officines de nos plasticiens gaulois de Toulon-sur-Allier (i). Cette forme solaire a formé le radical d'une multitude de mots français depuis ramage, jusqu'a rotonde.



Près du Montoncel est le Re-de-Sol; tout près de celui-ci est le Mont-Lune, ces trois montagnes partant d'un sol unique formaient comme un culte trinitaire primitif, puisque toutes les trois portent encore les traces d'un culte d'ordre supérieur.



La crosse de nos évêques est la survivance du bâton pastoral des textes sacrés.



Les Druides cueillaient le gui sacre sur les chênes à l'aide d'une faucille recourbée. Dans nos campagnes, la petite faucille à main, recourbée, s'appelle encore Gouillettey Gouyardy et le plus souvent, un Gyvi.



Les deux grandes tours de nos basiliques chrétiennes, sont encore la tradition des pylônes qui précédaient les temples de l’Assyrie et de l’Egypte.



Le tatouage a été pratiqué dès la plus haute antiquité et aussi par tous les peuples. Ne remonterait-il qu'à Ezechiel, que déjà son antiquité serait recommandable « Tatouoji le Tau au front des hommes m (i).

Et cependant Moïse avait défendu à son peuple de se faire des signes religieux sur le corps : « Et vous n'inciserez point votre chair, et ne ferez aucune marque d'écriture sur votre corps (2).



Le tatouage est une coutume qui se pratique encore dans toutes les provinces de France.



A Chantelle, on ne compte point par un jour, mais par nuits, comme au temps des Gaulois

« Aneut-en-huit » ; de cette nuit en huit, c'est-à-dire dans huit jours.



Presque tous les noms de nos fleuves et de nos rivières sont d'origine celtique.



Cher, de carus. Impétueux.



Sioule, de sicaula. Torrentueuse.



Les notes de musique sont celtiques.



Ut, racine du dieu suprême Theut.



Re, abres. La guerre.



Mi, l’éloquence, à laquelle présidait Og-mi, le fondateur de Bi-Brax (Bibracte-Auiun).



Fa, fax, flambeau. Planète de Venus.



Sol, soleil, celt. SoL



(i) Ezechiel, au chap, vni, v. xxviii.

(2) Levitique, ch. xix, v. xxviii,





La, luna, l’article La était article par excellence des Celtes.



Les illuminés, qu'ils appartiennent à la secte des Rose-Croix, des Carbonari, des Francs-Maçons ou autres de cette espèce, ont une origine qui remonte aux Druides.



Le Barde inspiré a reçu le dépôt traditionnel des mystères bardiques, le Druide lui avait confié les secrètes doctrines du druidisme; les Druides ont disparu entrainant la dispersion des Bardes, mais quelque chose leur a survécu, ce sont les sorciers, et plus particulièrement ceux du Bourbonnais, car, trois collèges de Druides y avaient été établis, celui du Re des-Ecoliers, celui de Chantelle édifié sur la place du Temple, et enfin celui de Montphand, le Mons-fanis de l’antiquité.





Taupe. Une patte de taupe enveloppée dans un sachet, et suspendue au cou des enfants, suffit pour les préserver du croup et autres maladies infantiles.



Deux pattes de taupe portées en croix derrière le dos, procurent un bon numéro au conscrit.



Réduite en poussière par la dessiccation dans un four, la poudre de taupe rentre dans la composition des philtres et des charmes pour les maléfices; et mélangée dans certains breuvages, elle coupe les fièvres les plus invétérées.
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Message par Marie »

Testament. Bien des personnes désireraient exprimer leurs dernières volontés avant leur mort. Mais elles craignent que la mort les surprenne après avoir fait leur testament.





II ne faut point faire son testament ni même en concevoir le projet le jour des morts, car on mourrait dans la même semaine (Moulins, Yzeure, La Provence, l’Ile-de-France).



LE TEMPS. Tonnerre, ECLAIRS, ETC. Si pendant que dure un éclair, on a le temps de baiser la terre, cet acte d'humilité a le pouvoir de délivrer une âme du purgatoire.



Beaucoup de maisons portent une croix au faitage, à la cheminée, sur le toit, c'est une garantie contre la foudre.



A chaque éclair, beaucoup de personnes se signent ; d'autres allument le cierge bénit, aspergent leur maison avec de l’eau bénite, ailleurs se dit cette oraison :



« Christus rex gloria, vinit in pase, Deus Homo factus est, et verbum caro factus est.

Christus regnat, Christus imperat ; ab omni malo nos deffendat amen » (i).



Saint-Abdon est invoqué dans tout le Bourbonnais pour être préservé de l’orage : « Saint-Abdon, souffre pour nous le tonnerre et que nous en soyons délivrés ».



Le vent qui souffle au moment de la messe des Rameaux sera celui qui dominera pendant toute l’année.



Terre de cimetière. Se dit de cette sorte de cancroïde qui se voit sur le visage des vieillards peu soucieux de la propreté ; ceux qui en sont affectés disent que ce sont la terre ou les fleurs de cimetière qui poussent sur leur figure.



Trésors. Découvrir un trésor porte toujours malheur; celui qui le découvre mourra dans l'année.



Au château de la Fin à Thiel est un tumulus au-dessus duquel croit un chêne très vigoureux; il ne devra jamais être arraché, car sous ses racines, couve un trésor composé de 25 000 écus d'or; et celui qui tenterait de le prendre, mourra sur le champ.



Le souterrain de la Moutte à Lurcy-Levy renferme un trésor. Un chevalier revenant des croisades ayant tenté de se le procurer, n'a jamais reparu de ce souterrain dans lequel il était entré.







Vendredi. Jour néfaste pour toutes les affaires que l’on délaisse ce jour-la.



II ne faut jamais faire baptiser un enfant un vendredi, ni commencer les préliminaires d'un mariage, ni acheter une maison, ou une propriété ce jour.



Changer de chemise, ou bien étrenner un habillement le vendredi portent malheur.



Le souvenir du vendredi-saint est resté profondément gravé dans la mémoire des gens de campagne. Les bœufs ne sont jamais mis au joug surtout durant les offices. Ce jour est considéré comme étant un deuil général.



Toutes les grâces qui sont demandées le vendredi-saint à trois heures précises sont accordées.





Le Vent Foulet. Vent fou, qui dévaste les champs en éparpillant les gerbiers, les meules de paille, les javelles. Pour le conjurer, il faut réciter une certaine prière et couper un épi de blé au coup de trois heures du matin.



Verrues. Elles se traitent par l’herbe à la Claire (chélidoine). D'autres font rougir une aiguille et la plongeant dans l’eau forte ils transpercent la verrue.



Mais, dans la campagne, celui qui a des verrues prend trois haricots rouges dans sa main gauche, puis il les jette dans un puits, allant à reculons et sans regarder en arrière. Le remède est infaillible...



La vie. Définition de la vie chez nos montagnards : La via, one ren de tout...



Pour savoir si on vivra longtemps, il faut prendre une pièce de six blancs de Louis XV, la jeter dans un seau d'eau, elle fera autant de sauts avant d'arriver au fond, que la personne qui l’aura jetée, aura d'années à vivre.







Vielles ET MUSETTES (l). Si leurs jours sont comptés, néanmoins elles ont encore de longues années à vivre.



Huriel fait parler toute seule cette peau de bouc. D'après H Lapaire, cet instrument serait l’antique Utricularium, dont parle Suetone au Chap. LIV, Vie des douze premiers empereurs.



La musette est plus douce que la cornemuse, son bourdon moins bruyant, on l’appelle aussi chevrette et pythaule.



Ce sont bien deux instruments chers au Bourbonnais, c'est la musique d'cheu nous,



Claude Allaux, Aubouet de Domerat, Gilbert Bonneau, Duballais, Debordes, Chery et Masseret sont des vielleurs et des cornemusiers de marque, pouvant affronter dans les concours les morceaux les plus difficiles ; citons encore Bousset, Pierre Allard, Condoux, Larivaux et d'autres encore, lesquels, enthousiasmes de leur art, exécutent sentimentalement les plus beaux morceaux de leur répertoire, et avec talent.



(i) Vient de paraitre : Nouvelle méthode de musette par F. Debordes, joueur et professeur. Montluçon, Maugenest imp. 1896,





Malochet est un vielleur inimitable, hors concours, il va de pair avec Pacouret, le fin joueur de musette ; uniques en leur genre, ces deux inséparables font la paire. Ces deux artistes de Montluçon et de Viplaix se sont fait applaudir chaleureusement à Paris, à Clermont ; ils ne manquent point de divertir à Lyon, les réunions des Gars du Bourbonnais ; du reste, comment pourrait-on, décemment, danser la bourrée sans la vielle et la musette ?



Le père Machabee de Bourbon est un grand artiste en son genre, il est si enjoué, qu'il est appelé à trente lieues à la ronde, pour servir les noces.



En 1903, avait lieu à Boussac un grand concours de vielles et de musettes, le premier prix (soliste) a été attribué à Chassagne de Domerat, pour solo de cornemuse. Le premier prix de vielles et de musettes a été attribué au précédent et à Percherancier de Bord-Saint-Georges, pour un duo.



Nos artistes abordent allégrement sur leurs instruments champêtres : Faust, La Traviata Mignon ; si le décor n'y manquait pas, ma foi, pour nous Bourbonnichons, ce serait si beau qu'à l’Opéra.



Le père Matagot de Saint-Pont était aussi :

adret d’sa corn'muse qu'o lesso malina sourcia.



Les vielles se fabriquent à Jenzat et à Charroux, non loin de Gannat ; Jenzat s'est spécialisé dans la vielle expédiée en Bretagne, laquelle diffère sensiblement de l’ancienne vielle bourbonnaise ; Charroux fabrique pour le pays et pour l’Auvergne : la visite de ces ateliers est très intéressante. Nous y avons vu des vielles, valant depuis 20 jusqu'a 300 francs.



Tant que vivront les Bourbonnichons et les Auvergnats, les vielles, les musettes et les cornemuses vivront aussi. Comment danser une bourrée sans elles : Fi done! une bourrée au violon, ga merite pas d'vivre (entendu a Ebreuil).



ViLLES ANCiENNES DisPARUEs. Peu de provinces ont conserve comme la notre le souvenir traditionnel de grandes cités disparues.



Braise. Prés de Cerilly, est une petite bourgade au milieu de l’immense foret de Tronçais.

La tradition y conserve le souvenir d'une grande et opulente ville, dont les débris se trouvent dans toute l’étendue de la paroisse.

Le diable ne serait point étranger à sa destruction (i).



(1) Lasnier, Autoiir de la/orit^ p. i5.





Cee, à Chassenard, ville antique aujourd'hui disparue. On y voit deux grandes nécropoles, celle des pauvres et celle des riches. Un temple à quatre colonnes portant un dôme dominait la vallée de la Loire (i).



Chalinat, Aujourd'hui Chalignat, hameau dépendant de Saint-Bonnet-de-Rochefort. Nicolas de Nicolay, disait en 1566, qu'en ce lieu de Ghalinzat, « existoit une ville importante ».



Cordes. Cité gauloise, dans l’ancienne paroisse de Chateloy, réunie a Herisson.



Cette cité dont on voyait encore les rues, les places et les ruines des monuments au temps de Nicolay n'est plus qu'un amas de pierres brisées par la culture. Au centre de la cité existait la Tour de Babylone si reconnaissable encore par une immense butte, couverte de broussailles. Caylus en a donne le plan (2).



La ville des Demandiers. C'est actuellement un amas de ruines informes au faite d'une montagne de la commune de Laprugne ; tout prés est la Font-Reine, avec débris antiques, et le chemin des soldats.





(1) F. Perot, Dissertation sur le nom primitif de la Loire, Autun, Dejussieu.



(2) Antiquités gauloises, etc. Tome HI, p. 38o, 1766.





Icole. Petite ville ruinée, réunie au Mayetd'Ecole. Saccagée et détruite par les Reitres, après la sanglante bataille de Cognat, perdue par les catholiques en 1568. Ecole ne s'est jamais relevée.



Limoise. Simple bourg autour duquel se voient des remparts, des fossés et des voies antiques. Les habitants disent que leur bourg était une grande ville autrefois.



Neris. Célèbre station thermale. Neris, était après l'invasion romaine, l’une des grande cités de la Gaule, riche, opulente, avec des monuments ornés de statues, enrichis de marbres. Les anciens historiens disent qu'il fallait quatre heures à un bon marcheur pour en faire le tour (i).



Vichy. Le plan que nous possédons de Vichy antique, établi d'après les mines des monuments découverts pour l’établissement du Vichy moderne, fait supposer une ville de grande importance, et d'une étendue bien plus considérable que la ville actuelle.





(i) Caylus, op. cit.j 1766. Tome IV, p. 367-370.

Plan topographique. Moreau de Neris. Néris, capitale des Gaules. Paris, Leroux, 1902, graind in-8°, plans, figures, planches.





Villefranche, Bourgade de 350 habitants. Son importance était très grande autrefois avec foires, franchises, courses de chevaux. Suivant l’abbé Boudant, la ville ancienne comptait de 12 a 15 000 habitants (i)..



Villejo, Ville d'lo, ou lo, en pleine forêt de Tronçais. Une très forte source alimentait la cité antique qui fut engloutie soudainement dans une vase boueuse qui en recouvre l’étendue.



Une autre tradition dit que la ville d*Io, aurait été anéantie et décimée à la suite d'une maladie pestilentielle qui aurait fait disparaitre jusqu'au dernier habitant.



Sur ce territoire, gisent encore des débris antiques.



Les filles qui veulent se marier dans l’année vont planter des épingles sur les hautes herbes qui croissent autour de la fontaine de Villejo; si elles ne les retrouvent plus au bout d'un mois c'est qu'elles se marieront prochainement.



Le jour de Noel, on entend le son des cloches qui semblent sortir du fond du marais. Une semblable légende se rapporte à une ancienne ville engloutie prés de Villefranche (Rhone) (i).





(i) Sainte-Thorette de Villefranche. Moulins. p. 15.





Viplaix. Petite paroisse, laquelle se dit avoir survécu à la ville de Viplaix, elle fut donnée par Chilperic Ic' a l'abbaye de Saint-Denis.



Des courses de chevaux, s'y sont perpétuées depuis un temps immémorial.



Vitry. Ville gallo-romaine qui existait sur le territoire de Contigny (2).



Des futs de colonnes, des vases, des débris de toute nature se voyaient encore à la Révolution dans la plaine de Vitry, la voie romaine de Bourbon à Clermont, passait en cet endroit. Lieux dits : champ de la porte, champ de la famine, des quatre journées, de la bataille rue d'enfer, le fossé du mauvais pas, champ du roi, le pont-perdu, la ville franche, l'egrigne la cote de la justice.



Voie lactée. Cette lueur blanche serait suivant les habitants de la campagne, le lait de la Sainte-Vierge qui a coulé de ses seins, dès que l'Enfant-Jésus n'a plus voulu téter et qui s'est répandu dans le ciel.



(1) Savoye. Le Beaujolais préhistorique ,



(2) F. Perot, Histoire de Contigny, Moulins,C.Leblond, in-8", 1902, p. 14,20.





Les yeux. Les empiriques de tout temps se sont emparés des diverses affections de ces organes; dans beaucoup de fontaines sacrées, on y trouve des ex-voto, portant un ou deux yeux (musée de Dijon).



Certains guérisseurs de campagne se sont fait une spécialité pour les maux d'yeux, qu'ils guérissent par des prières, des attouchements, des insufflations et des compresses d'une eau composée par eux.



Pour guérir de l'orgelet, ils piquent neuf fois l’orgelet avec une glume de grain d'orge en disant : fuis, fuis, l’orge se passerait ». Les Gaulois ne faisaient pas autrement.



Le coup d'air disparait en passant sur les yeux enflammés, un œuf chaud, venant d'être pondu.



Nous préparons un travail très important, sur : Voculistique depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours. Cette longue étude nous a fourni l'occasion de constater que les empiriques ont tenu les affections des yeux dans leur plus grand domaine ; il n'est pas de maladies qui aient eu autant de guérisseurs faux ou sincères.



FIN
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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

Merci Marie pour cet énorme boulot que tu as fait !!



ça mérite d'être souligné !! :wink: :wink:
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sabrina
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Message par sabrina »

oui ,c etait super interressant merci et bravo pour ce gros travail marie !
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Message par lucane »

"Taupe. Une patte de taupe enveloppée dans un sachet, et suspendue au cou des enfants, suffit pour les préserver du croup et autres maladies infantiles. "





:shock: Heureusement maintenant on a les vaccins ! des fois le progrès a du bon ! :x
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