Creuse d'hier, Creuse d'aujourd'hui, celle de demain ?

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nadja
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Creuse d'hier, Creuse d'aujourd'hui, celle de demain ?

Message par nadja »

La Creuse, celle qui attire l'âme en quête de ruralité, celle qui fait fuir le citadin... Venir en Creuse est le fait d'une démarche. Laquelle ? lesquelles ?

Ce qui surprend quand on découvre ce département c'est cette sorte de décalage, voire cette sensation de pseudo voyage dans le temps : chemins creux, murs moussus, labyrinthe de "bouchures", châtaigners ou chênes centenaires en fin de vie... En fermant les yeux on pourrait presque entendre les sabots de bois cogner sur les sentiers... Images des siècles passés. Patrimoine paysager encore intact ou presque, mais pour combien de temps...



Si un paysage est en perpétuelle évolution (déjà à cause de l'homme) faut-il accepter d'avancer lentement vers ce qui a pu être fait ces 50 dernières années dans bon nombre d'autres départements français.



Je m'explique : la rentabilité ou l'image qu'on se fait du modernisme font agrandir le parcellaire avec la disparition des haies dites "bouchures".

L'utilisation de chênes centenaires en bois de chauffe ou autre laissent place à un vide qui ne sera pas comblé par la plantation d'un nouveau plant pour l'avenir. Année après année une inexorable banalisation et simplification du paysage avance dans certains secteurs.

Est-ce que veulent les Creusois de naissance ?

Est ce que veulent les néo Creusois ?



Ici et là combien de bâtis ont perdu leur âme qui les liaient à la terre d'où ils émergeaient, engloutis par la mode des crépis et autres ciments de façade ?

Ici et là combien de bâtis ont perdu leur âme par la disparition de la haie champêtre qui venait les clore et maintenant remplacée par un alignement de thuyas ?



Que feront les anciens de la Creuse ? qu'en feront ceux qui s'y installent ?



La présence de la huppe, de la rainette ou du lucane indiquent que la Creuse, celle que j'aime, existe encore.

Puissent ces espèces être là encore longtemps.

Dans le cas contraire ce serait la fin d'une forme de ruralité celle qui charme en découvrant cette région....
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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

HE bé



elle en dit des choses la dame !!!!! :wink: :wink:



elle me poustouffle !!!!!



je vais devoir relire son texte et réfléchir pour répondre développément !!!



tu remarqueras Nadja , personne n' a encore répondu à tes réflexions ,

un signe du destin :wink: :wink: :wink:
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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

citation de toi:



La Creuse, celle qui attire l'âme en quête de ruralité



:idea: :idea: :idea: Mon commentaire:

déjà qu 'il n' y a plus que quelques âmes , et si elle n' attire que les âmes on va devoir la rebaptiser : Âmacreuse :) :) :) de plus c'est joli
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nadja
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Message par nadja »

Merci d'avoir fait remonter ce vieux post ! j'avais oublié ! hélas je ne peux que constater qu'inexorablement et inévitablement la banalisation s'accélère à chaque retour en Creuse...
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chef_joseph
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Message par chef_joseph »

:wink: :wink:

Et moi donc !!!!

Ca fait des années :cry: :cry: :cry:
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Félinéa
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Message par Félinéa »

nadja a écrit :hélas je ne peux que constater qu'inexorablement et inévitablement la banalisation s'accélère à chaque retour en Creuse...

que veux-tu dire par là ?
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Herbefolle
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Message par Herbefolle »

Ce serait intéressant que des "anciens" nous parlent des "changements" (s'il y a eu) de leur département.

Dans les bourgs, une maison sur deux est fermée. Depuis quelle époque ? (approximative evidemment ).

Tous les jeunes sont-ils obligés de partir pour travailler ?

La creuse se dépeuple t-elle vraiment ?

De quoi vivent les gens qui habitent tous ces hameaux "perdus" au bout d'une petite route ? les creusois sont-ils tous agriculteurs ??

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joelausec
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Message par joelausec »

Je ne suis pas un "ancien", ni même un Creusois, mais je pense t'apporter quelques éléments de réponse sur cet exode rural qui remonte à plusieurs siècles.



Les creusois, agriculteurs à la base, sont parti vers les grandes villes pour y travailler à la belle saison comme maçon. Lyon pour ceux du sud est, Bordeaux pour ceux du sud ouest, et Paris pour une grande majorité, et encore plus pour le plan Hausman.



Ces migrants partaient au printemps et rentraient en décembre avec un pécule qui permettait à la famille de vivre un peu plus à l'aise. Pour leur retraite, ils rentraient évidement en Creuse dans la maison familiale. Et puis, les jeunes ont rencontré des Demoiselles ailleurs qu'en Creuse, et donc certains se sont marié et ont eu des enfants dans ces villes, ils ont cessé d'être des migrants et se sont définitivement fixés dans les villes, ne retournant en Creuse plus que pour les vacances, et toujours pour prendre leur retraite. Si les hommes travaillaient d'abord dans le batiment, peu à peu ils ont fait des études et sont devenus fonctionnaires, poste, enseignement, etc...



Mais bon, les maison étaient encore habitées, pas par des familles entières, mais surtout par des retraités. Il y avait encore dans chaque village des commerçants chez qui les habitants pouvaient s'alimenter. Puis il y a eu "l'évolution sociale", et la voiture. Avec la voiture on pouvait aller faire ses courses beaucoup plus loin et acheter beaucoup plus pour moins cher. La grande distribution a vite compris l'enjeu et les supermarché ont fleurit. Les petits commerçants des villages survivaient à peine, et beaucoup ont fermé parce qu'il n'y avait pas de repreneur. Bref les personnes âgées qui il y a 20 ans conduisaient allègrement se sont retrouvé, incapables de se déplacer par leurs propres moyens, dans des villages déserts, pour ne pas dire villages mouroirs, où il n'y avait plus aucune vie sociale, plus de commerces, plus d'écoles, parfois juste une mairie ouverte pendant trois heures par semaine. Donc, les enfants ont déplacé leurs aînés vers les villes, dans des logements pour ceux qui étaient autonomes ou dans des maisons de retraite pour les autres, fermant par la même occasion les maisons, tout au moins pour une bonne partie de l'année, puisqu'ils y viennent pour passer quelques jours en été.

Pour toutes ces raisons, aujourd'hui très peu de Creusois reviennent au pays pour y prendre leur retraite, beaucoup préfèrent la sécurité et la proximité de la grande ville. Les maison restent fermées, les enfants viennent de moins en moins, et on fini par vendre les maison aux Anglais qui ont beaucoup d'argent et pour qui, par rapport aux prix des maison sur leur île, acheter une maison en Creuse n'est pas un plus gros sacrifice que pour moi acheter une vieille bagnole d'occasion.
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Liliane
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Message par Liliane »

Et j'ajouterai que dans les années 60 et après, autour de ma génération donc, (je ne suis pas née en 60... :mdr: ), lla plupart des enfants d'agriculteurs ont fait des études, par refus de mener la vie dure qu'avaient leurs parents, sans dimanche, ni vacances, les vaches voulaient manger tous les jours !

Il y étaient aussi poussés par les parents qui voulaient que leurs enfants réussisent DANS la vie. Je ne dis pas REUSSISSENT LEUR VIE, parce que à cette époque on ne se posait pas la question de cette façon, et surtout, être paysan (terme péjoratif, que je n'ai pas osé employer pendant des années, jusqu'à ce qu'on m'explique il n'y a pas si longtemps, son sens réel : ceux qui façonnent et entretiennent le paysge, le pays) était méprisable.

Alors, c'est comme ça que par chez moi on a commencé à planter les propriétés, en sapins, puisqu'il n'y avait plus personne pour les cultiver quans les vieux prenaient leur retraite. :grrr:

Je pense que la situation est un peu particulière dans mon coin, parce que c'est plus montagneux que le Nord et donc plus difficile à cultiver !

Les ch'ti creusois, pouvez-vous me dire si ce phénomène a aussi existé par chez vous, même à un niveau moindre ?
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intéressant

Message par ANANKE »

Merci à Herbefolle pour sa question pertinente, à Joelausec pour sa réponse détaillée et à Liliane pour son complément d'informations.

C'est vrai que l'on se demande parfois quels sont les professions de tous ces gens qui habitent des hameaux paumés (en dehors des retraités et des agriculteurs). :mrgreen:
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stone23
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Message par stone23 »

joelausec a écrit :Je ne suis pas un "ancien", ni même un Creusois, mais je pense t'apporter quelques éléments de réponse sur cet exode rural qui remonte à plusieurs siècles.



Les creusois, agriculteurs à la base, sont parti vers les grandes villes pour y travailler à la belle saison comme maçon. Lyon pour ceux du sud est, Bordeaux pour ceux du sud ouest, et Paris pour une grande majorité, et encore plus pour le plan Hausman.



Ces migrants partaient au printemps et rentraient en décembre avec un pécule qui permettait à la famille de vivre un peu plus à l'aise. Pour leur retraite, ils rentraient évidement en Creuse dans la maison familiale. Et puis, les jeunes ont rencontré des Demoiselles ailleurs qu'en Creuse, et donc certains se sont marié et ont eu des enfants dans ces villes, ils ont cessé d'être des migrants et se sont définitivement fixés dans les villes, ne retournant en Creuse plus que pour les vacances, et toujours pour prendre leur retraite. Si les hommes travaillaient d'abord dans le batiment, peu à peu ils ont fait des études et sont devenus fonctionnaires, poste, enseignement, etc...



Mais bon, les maison étaient encore habitées, pas par des familles entières, mais surtout par des retraités. Il y avait encore dans chaque village des commerçants chez qui les habitants pouvaient s'alimenter. Puis il y a eu "l'évolution sociale", et la voiture. Avec la voiture on pouvait aller faire ses courses beaucoup plus loin et acheter beaucoup plus pour moins cher. La grande distribution a vite compris l'enjeu et les supermarché ont fleurit. Les petits commerçants des villages survivaient à peine, et beaucoup ont fermé parce qu'il n'y avait pas de repreneur. Bref les personnes âgées qui il y a 20 ans conduisaient allègrement se sont retrouvé, incapables de se déplacer par leurs propres moyens, dans des villages déserts, pour ne pas dire villages mouroirs, où il n'y avait plus aucune vie sociale, plus de commerces, plus d'écoles, parfois juste une mairie ouverte pendant trois heures par semaine. Donc, les enfants ont déplacé leurs aînés vers les villes, dans des logements pour ceux qui étaient autonomes ou dans des maisons de retraite pour les autres, fermant par la même occasion les maisons, tout au moins pour une bonne partie de l'année, puisqu'ils y viennent pour passer quelques jours en été.

Pour toutes ces raisons, aujourd'hui très peu de Creusois reviennent au pays pour y prendre leur retraite, beaucoup préfèrent la sécurité et la proximité de la grande ville. Les maison restent fermées, les enfants viennent de moins en moins, et on fini par vendre les maison aux Anglais qui ont beaucoup d'argent et pour qui, par rapport aux prix des maison sur leur île, acheter une maison en Creuse n'est pas un plus gros sacrifice que pour moi acheter une vieille bagnole d'occasion.

Tu n'es peut-être pas un ancien ni un "Creusois" mais tu as tapé dans le mille. C'est exactement l'impression que j'ai, sauf que j'ai du mal à comprendre qu'on ne veuille pas revenir là où sont ses racines.



Avec kaomé nous avons cette maison qui est loin d'être retapée, mais nous y reviendront et elle sera restaurée petit à petit, suivant les finances et la main d'œuvre. Mais il est certain que nous reviendrons sur les terres où nous sommes nés, parce qu'il n'y a qu'ici qu'on se sent bien.
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Message par catseyes »

ils semblerait que dans les années 60 beaucoup d'agriculteurs ont été invité à s'installer en Creuse..............ma voisine de 82 ans sont arrivés en Creuse en 62, ils venaient de l'orne où ils ne pouvaient s'installer, la Creuse était demandeur!!!!!!

j'essayerais d'en apprendre plus :wink: :wink:
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Message par lucane »

:chut: Je connais ! on va enquêter ! :mdr:
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Message par lucane »

Félinéa a écrit :
nadja a écrit :hélas je ne peux que constater qu'inexorablement et inévitablement la banalisation s'accélère à chaque retour en Creuse...

que veux-tu dire par là ?


Ben c'est simple ! la culture intensive un désert, paysage céréalier ! en Creuse des prés, du bocage, des haies ! d'un côté la mort ! d'un coté la vie !



La haie devenue un obstacle au passage des engins agricoles est devenue génante à l'ère de la mécanisation. Elle rimait mal avec le mot "économie" : économie d'argent et surtout de temps. L'agriculteur n'hésitait pas à la sacrifier, bien qu'étant aussi souvent chasseur et appréciant son intérêt pour abriter et nourrir son gibier.



Les vaches se portent mieux sous son abri, les scientifiques démontrent preuves à l'appui, que la haie participe au confort du bétail. Mais l'agriculteur flanqué de ses grosses machines en est il vraiment convaincu ? D'autant qu'il doit la déduire de son parcellaire car elle n'entre pas dans la récolte. Elle ne rapporte rien et il faut l'entretenir.



Dans l'histoire paysanne la haie occupa longtemps une place importante. Elle servait tout à la fois de limite juridique, empêchait le bétail vagabond de s'aventurer dans les parcelles emblavées, produisait du bois de chauffage, de travail, des feuillages, des fruits pour les animaux. Son rôle pour la petite faune n'est pas perçu de tous. De plus en plus la campagne dont la haie demeure une composante majeure attire le citadin en mal de nature et le rural, qui, fuyant la ville et son stress, souhaite faire construire loin de son lieu de travail. Agréable, utile elle cache sa maison. La haie champêtre commence à prendre le pas sur les plantations uniformes de thuyas.