Ces paysans d'un autre temps

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Marité
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Ces paysans d'un autre temps

Message par Marité »

Bons nombre de ces gens issus des campagnes aux moeurs agrippées aux mentalités étaient, pour la plupart d'entre eux, de bons catholiques, et d'autres d'aussi bons alcooliques.



L'église était réservée aux femmes qui souhaitaient prier, et les bistrots jadis nombreux servaient de chapelles aux hommes assoiffés.

Hommes et femmes, chacun de leur côté s'en allaient communier. Alors que certains s'en allaient pêcher à la confirmation des verres alignés, d'autres venaient s'agenouiller sur les bancs de la religion pour prier.

Dans certains villages éloignés survivaient quelques vieux enracinés à l'âge avancé, qui n'avaient ni l'envie, ni le courage d'émigrer vers d'autres contrées. Des paysans qui parfois avaient le sentiment d'être à des années lumière de la réalité qu'ils s'étaient fixée.



Le train de la modernité n'était pas arrimé à leurs idées,et sur le quai, les valises posées, les vieux le regardaient s'éloignersans jamais y monter. Il allait trop vite et trop loin, alors immobiles, ils attendaient le prochain.

Quand on est requis de l'enfance à la vieillesse par le même souci,on a pas envie de changer de vie.



Les grandes migrations étaient pour les oiseaux épris de liberté qui partaient vers d'autres destinations à survoler, et les petites ambitions pour les corbeaux bien endimanchés de noir ajusté. Ces corbeaux qui, souliers vernis aux pieds et issus d'une autre humanité, arpentaient chemins et sentiers, missels de loi sous les bras pour conseiller ces communautés retirées.

Nous allons vous expliquer comment comprendre ce que vous êtes, et comment apprendre à ne plus faire ce que vous faites.

Au village, la proportion des instruits n'avait jamais augmenté et le nombre de bacheliers était bien vite compté. Ces visages ridés, ces mains crevassées, ces dos voutés, étaient de véritables contrats répétés, où ces siècles de labeur avaient leurs responsabilités.



Loin de ce monde citadin, leur destin ne trouvait pas de passionnés. Leurs demeures ou leurs biens n'étaient jamais mis sur le marché de l'immobilier. On se moquait de cette argenterie taillée dans le peuplier que l'on appréhendait à utiliser. De même que l'on riait des rustres au langage parfois grossier et aux sourires édentés que l'on évitait de côtoyer.



La vie n'avait pas le même goût en campagne, les géraniums ne venaient pas décorer et garnir les balcons, on se contentait de coquelicots ou de pissenlits qui venaient embellir la végétation.

Dans ces campagnes retirées, on ne souhaitait pas que le village soit la carte postale d'un écomusée appelé à être un lieu de curiosité que l'on viendrait visiter. Leurs enfants, livrés à certaines facilités, se sont détournés de toutes ces difficultés. Ils ont opté pour un travail mieux rémunéré vers d'autres institutions de sainteté moins pénibles et mieux payées. Sous le béret de coton auréolé d'anciennes saisons passées, les démons d'une autre épopée venaient animer les discussions.

Au fil des sensations éprouvées entres deux chiques bien machées et un peu de patois cité, histoire de s'amuser, un petit pet était d'actualité. On secouait le pantalon de velours fraîchement rapiécé, un quart de tour au béret histoire de s'affirmer, et tout était oublié pour ne pas gêner l'assemblée. En milieu mondain, dans ces soirées biens soignées, la digestion était effectuée avec dignité sans bruit à formuler.



En campagne, la Citroën utilisée pour s'en aller piqueniquer était le char de foin attelé à un vieux mulet qui peinait à se traîner tant il n'était pas pressé d'aller travailler. Le moteur était les jurons de patois que le vieux Léon lançait à tour de bras pour se faire écouter. Ici les querelles trouvaient un exécutoire local, pour un mètre de pré grignoté, pour une borne déplacée, pour un arbre coupé, pour quelques mètres d'herbes fanées, la sentence était sans appel.

Le condamné cité en prenait pour des années à être ignoré. Chaque génération rajoutait une partition à ces disputes éloignées. La motivation des vieux au regard d'acier, barré de la moustache empaillée d'où fusaient les crénom et bon gueux finissait de convaincre les indécis qui parlaient de se réconcilier. Finis les pavés où venaient claquer les vieux sabots cloutés, désormais les routes étaient goudronnées. Oubliés ces boeufs inspirant calme et sérénité, désormais dans les tracteurs hurlait une stéréo qui diffusait des musiques de dégénérés.



Les temps avaient bien changé, même la vieille Louise, victime d'une surdité exacerbée, du haut de ces quatre vingt années, engoncée au fond de son canapé, en véritable passionnée des soirées télé se mettait à chanter. L'heure était à l'Eurovision et aux chansons, et dans la pîèce au papier jauni par apriori le chien et le chat désertaient cette civilisation les journées télévision. Au gré des émotions, les allers et retours d'un bouton tourné par manque de communication accentuaient une tonalité qui faisait vibrer bibelots et carreaux. Leurs petits enfants divorçaient dans la rapidité, le temps d'une alliance achetée et d'une noce bien célébrée, la vaisde était pliée, et chacun de son côté. Leurs descendants portaient un anneau à l'oreille, étaient peignés à la manière d'un pétard qui venait d'exploser.



A défaut de prier sur les bancs de la religion, ils s'en allaient narguer monsieur le Curé. Pour ces vieux paysans, il y avait dans cette modernité un côté parodie de soi-même pour lequel certains d'entre eux, tellement sensibles, préféraient mourir plutôt que d'avoir à voir cela. Regardons ceux qui restent, c'est de nous qu'ils parlent quand ils ne disent rien.
Edité en dernier par chticreusois le dimanche 21 mars 2010 18:46, édité 5 fois.
Raison : Petite mise en page qui facilite la lecture en effet
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framboise
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Message par framboise »

Très beau texte Marité et combien superbement observé !

Qui en est l'auteur ??
Le nuage le plus noir a toujours un ourlet de lumière ...
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Message par joelausec »

Beau texte en effet, mais qui aurait mérité d'être mis en valeur par une mise en page plus appropriée, quelques paragraphes et retours à la ligne n'auraient pas été superflus, la lecture n'est pas aisée, je l'ai lu parce que je trouve le sujet intéressant, mais d'habitude je zappe les pavés non mis en page.
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Marité
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Message par Marité »

je savais que ça te plairait, l'auteur en est Paul Bonnet. :coucou:
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Message par ANANKE »

joelausec a écrit :Beau texte en effet, mais qui aurait mérité d'être mis en valeur par une mise en page plus appropriée, quelques paragraphes et retours à la ligne n'auraient pas été superflus, la lecture n'est pas aisée, je l'ai lu parce que je trouve le sujet intéressant, mais d'habitude je zappe les pavés non mis en page.


Idem j'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bout :(



Le boulet ! Le boulet !
“Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité.” Albert Einstein
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Message par Marité »

La prochaine fois je mettrai en page. :mrgreen:
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Message par chticreusois »

C'est fait, bande de râleurs ! :mdr:
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Message par Marité »

merci mon chtitit, c'est bien toi le meilleur .... qu'est ce qui sont ronchons !!! :coucou:
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ANANKE
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Message par ANANKE »

Ouais..pas fayots quoi ! :pfuit: :pfuit: :pfuit:
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Message par Marité »

Il est sympa le chtitit, c'est pour que tu puisses lire l'histoire plus facilement ......... raaaaaaaaaaa la la tu vas finir pour le manger ton stendson :mrgreen:
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Message par ANANKE »

Trèves de plaisanteries, tout cela ne répond pas à la question de Framboise :tire:
framboise a écrit :Très beau texte Marité et combien superbement observé !

Qui en est l'auteur ??
“Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité.” Albert Einstein
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Message par joelausec »

ANANKE a écrit :Trèves de plaisanteries, tout cela ne répond pas à la question de Framboise :tire:
framboise a écrit :Très beau texte Marité et combien superbement observé !

Qui en est l'auteur ??

Marité a écrit :je savais que ça te plairait, l'auteur en est Paul Bonnet. :coucou:


Avec un petit boulet en prime?
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Message par ANANKE »

Il me semblait que Joël avait délégué ses pouvoirs de nuisance à CJ et Chticreusois pour "coller" des boulets...

J'avoue que ce boulet perfide est mérité et le prend pour une marque de sympathie de la part de notre techno de service du Sec :coucou:



P.S.: ça vous en bouche un coin :mdr:
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Message par framboise »

Pffff !! en attendant je ne sais toujours pas qui est ce Paul Bonnet :oops: (pas trouvé sur Google) ..

Je suppose que tout le monde le sait mais ...désolée ..pas moi !
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Message par joelausec »

ANANKE a écrit :Il me semblait que Joël avait délégué ses pouvoirs de nuisance à CJ et Chticreusois pour "coller" des boulets...

J'avoue que ce boulet perfide est mérité et le prend pour une marque de sympathie de la part de notre techno de service du Sec :coucou:



P.S.: ça vous en bouche un coin :mdr:

Oui, mais comme je sais que les modos ne se réveillent pas avant 18h30... ça aurait fait trop long, je voulais t'éviter cette insupportable attente.
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